CH.FILM

The Witness Irlande, Suisse 2018 – 113min.

Critique du film

Sur les traces des Guerres de Yougoslavie

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

10 ans après son dernier film, The War Is Over, Mitko Panov revient avec The Witness, une fiction relatant une chasse à l’homme dans les Balkans, les souvenirs d’une guerre en toile de fond.

Le colonel Pantic est un homme de poids, un homme de guerre qui terrorise même derrière les barreaux, même des années plus tard. Vince Harrington (Padraic Delaney) décide de prendre le taureau par les cornes et de se lancer dans une recherche éperdue en ex-Yougoslavie pour trouver Nikola Radin (Bruno Ganz), un ancien général, le dernier à pouvoir témoigner des atrocités commises par Pantic. L’homme vit loin de tout, retranché dans ses montagnes.

L’ouverture se fait au célèbre Tribunal International de La Haye. Pantic y est jugé pour ses crimes. Les guerres de Yougoslavie sont un chapitre de l’histoire qui a marqué le monde et bien entendu les populations balkaniques. Mitko Panov, réalisateur suisse originaire de Macédoine, retraverse les abominations par le biais de la fiction. Notre guide n’est autre que Vince Harrington (Padraic Delaney), un auxiliaire de justice, lancé aux trousses des fantômes de la guerre. Radin, réfugié dans les montagnes, est cette ombre indiscernable, comme envolé dans la nature. The Witness angle son histoire à partir de cette bouture, véritable pierre angulaire du film. À force de courir derrière, le passé - à coups d’envolées musicales balkaniques - refait surface et s’ouvre telle une faille béante.

Panov passe par les crimes contre l’humanité pour en faire une chasse à l’homme, une chasse à la vérité. Il est avant tout question de confronter un peuple, à travers quelques citoyens et fonctionnaires, à des peurs enfouies. Les Balkans en territoire dévasté, les ruines d’une guerre qui a laissé des traces, trop de traces. Le regretté Bruno Ganz en ancien général rongé et détenteur d’une vérité qui débloquerait une situation, s’emploie à user de son charisme, de son allure bourrue. Il polarise un film mollasson malgré une solide entame sous tension, et un montage qu’Oliver Stone n’aurait pas renié. The Witness méritait un traitement plus radical. Le thriller perd rapidement en relief, loin des standards d’un cinéma de l’Est à la précision chirurgicale. Panov empoigne son récit dans un premier temps, avant de lâcher prise et nous avec. Tout de même, malgré les failles, le personnage de Radin convoque le passé pour l’étaler dans le présent, pour replacer les atrocités et les actes d’un homme. L’ombre de la guerre reste présente, même des années plus tard.

En bref!

Pantic comme épouvantail. Les Balkans comme régions dévastée. The Witness ravive le passé pour en extraire les violences de l’homme. Au milieu des montagnes, loin des villes, Panov trace une route depuis des coins reculés et montagneux pour se terminer à La Haye, où justice doit être rendue. Bruno Ganz incarne habilement cette douleur du passé, aussi indélébile soit-elle. Panov, lui, transpire les bonnes intentions, mais n’exploite pas pleinement les codes du thriller.

08.08.2019

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 4 ans

“Au nom de la loi”

La Cour pénale internationale de La Haye accuse le colonel Pantic de crimes contre l’humanité. Mais l’homme, considéré comme un héros national, terrifie les rares témoins disposés à parler. Pour éviter que le procès ne soit un échec, Vince Harrington, jeune auxiliaire de justice, part au pays à la recherche d’un ancien général qui pourrait enfin faire éclater la vérité.

Raie sur le côté, lunettes épaisses à la monture noire et cravate soigneusement nouée, Vince a tout du premier de la classe. Cet idéaliste au grand cœur ne compte pas les heures pour satisfaire sa soif de justice. Mais qu’est-il disposé à sacrifier au nom de la loi ? « Vous qui êtes si sensible, pourquoi avoir choisi le droit ? », lui demande la juge.

Le film peine à trouver un équilibre en mélangeant faits historiques – les guerres de Yougoslavie – et fiction. En manque de moyens et sans grandes idées, il hésite, oscillant entre l’action et le western. Malgré la présence de comédiens respectables – Marthe Keller et feu Bruno Ganz –, on peine à croire aux élans héroïques de ce sympathique gratte-papier, à la myopie guérie comme par miracle. Et quand la romance s’impose dans ce climat de guerre, il faut se contenter de l’artifice.Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


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