What They Had Etats-Unis 2018 – 101min.

Critique du film

Un drame familial trop soigné

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Hilary Swank campe une femme sommée de retourner près des siens pour s’occuper de sa mère atteinte d’Alzheimer. Elizabeth Chomko signe un portrait soigné, poli, mais un peu trop pour prétendre à mieux.

Bridget Ertz débarque de Californie pour prendre une décision primordiale : doit-elle envoyer sa mère en maison de retraite ? D’un côté, Burt, le père, se pense capable de tenir le navire à flot, malgré ses problèmes cardiaques. De l’autre, Nicky, le frère en colère, souhaite envoyer ses parents en maison de retraite. Et au milieu Bridget s’érige en médiatrice pour maintenir la paix des ménages.

On se souvient de Still Alice, permettant à Julianne Moore de délivrer une performance de choix, couronnée par un Oscar. La maladie d’Alzheimer pour une performance inoubliable, cocasse vous en conviendrez. Quand une mère est touchée par Alzheimer, c’est toute une famille qui est touchée. La construction de la sphère familiale est le point fort de What They Had. Une soeur et un frère tentent de raisonner leurs parents. Ruth (Blythe Danner) n’est plus à elle, elle se perd dans une nuit hivernale et glaciale, à marcher seule, sans défense. La goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nicky - parfaitement campé par Michael Shannon - peine à contenir sa colère grandissante, fatigué de se faire un sang d’encre, fatigué de persuader son père (Robert Forster) de lâcher du leste. C’est là que la trame dramatique prend une nouvelle dimension, quand Burt refuse catégoriquement d’être séparé de sa femme. Un combat, un amour qui brûle alors que la fête est finie.

Pour son premier film, l’actrice Elizabeth Chomko mise sur une application sans faille. Chomko a calqué son scénario sur le mariage de ses propres grands-parents, propulsant le métrage dans un registre authentique et soigné. Mais l’émotion semble figée par l’air glacial qui règne sur Chicago, par une écriture convenue. La substance nous vient d’Hilary Swank, en retenue, elle aussi appliquée, et de Michael Shannon toujours intense dans sa partition. Mais What They Had, malgré son enveloppe de sentiments, stagne entre des scènes où fragrance du passé et relents nauséabonds du présent constituent une lumière sublime sur ce fléau qu’est Alzheimer, avant de devenir évanescent, comme les souvenirs de Ruth.

En bref !

Still Alice réussissait à nous emporter dans un flot d’émotions, dans un tonnerre mélancolique. What They Had s’applique à rester dans un film tenu, nous confinant dans le sentiment d’impuissance ressenti par Ruth. Il y a de la beauté dans la douleur, une maîtrise non-négligeable pour un premier film, mais Elizabeth Chomko laisse son récit voguer dans les vagues de la colère, sans réellement transposer sa force narrative à l’écran. La forme y est, l’accomplissement l’est moins.

15.05.2019

3

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