The Raft Danemark, Allemagne, Suède, Etats-Unis 2018 – 98min.

Critique du film

L’être humain face à un océan de violence

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

À bord d’un vol pour Mexico, Santiago Genovés, scientifique, en novembre 1972, se retrouve au beau milieu d’un détournement. Une aubaine pour le chercheur qui décortique les comportements violents de l’être humain. Les origines de la violence, il en a fait sa vie et est bien décidé à aller très loin pour apporter des réponses. Le 11 mai 1973, il met à exécution une expérience qui regroupe 10 individus triés sur le volet et lui-même. Marcus Lindeen revient sur ce périple de 101 jours sur l’océan Atlantique.

Comprendre pourquoi la haine entre les humains existe. Voilà à quoi dédie sa vie le chercheur Santiago Genovés. Après le détournement dont il a été victime, il rêvait de recréer une situation similaire avec des sujets issus de différentes classes sociales, différentes religions. Et c’est chose faite. Au départ de Las Palmas, 6 femmes et 5 hommes, dont le scientifique, partent à l’abordage à bord d’un simple radeau d’acier nommé Acali (ndlr : maison sur l’eau en espagnol).

Au milieu du « microcosme du monde » comme le définit Genovés, les rôles sont inversés pour créer des tensions et des remous. Maria, la Suédoise, est la capitaine de l’embarcation. Il y a Eisuke, un photographe, les deux Françaises Servane et Rachida. Une médecin israélienne, Edna, Fé, une Afro-américaine, et Mary, une autre Américaine. Nous retrouvons également Bernardo, un prêtre angolais, un Grec nommé Charles, et un anthropologue uruguayen appelé Jose-Maria. Santiago Genovés a regroupé un mélange culturel foisonnant et susceptible de faire des étincelles.

Et c’est 45 ans plus tard, que nous apprenons les différentes épopées vécues par les cobayes sur ce navire digne d’une cage. L’isolement, la violence, la jalousie, les relations sexuelles devaient conduire les individus à se défier, et donc virer à la violence dans un espace limité. Les images d’archive, les retrouvailles entre les différents sujets (tous ne sont pas là pour témoigner), vont faire remonter des moments de bonheur, ou d’intense solitude, et même de la colère envers… Santiago Genovés. Le scientifique n’a pas lésiné sur les idées pour créer le malaise.

Marcus Lindeen retrace habilement l’embarcation expérimentale à l’aide d’un foisonnement d’archives. Et plus encore, il reproduit une maquette du navire (grandeur nature) pour y plonger à nouveau les différents participants. Un retour en arrière, avec ses anecdotes croustillantes. Un documentaire particulièrement intéressant sur l’évolution de la violence humaine grâce aux études de Genovés. Les différentes vidéos et images d’archives associées aux témoignages actuels forment un écho sociétal passionnant. The Raft révèle les contours de la race humaine.

En bref !

L’histoire de ce navire a quelque chose de très mystérieux. Lindeen procède habilement pour retraverser avec ces hommes et ces femmes une aventure digne d’une expérience de laboratoire. À force de chercher comment déclencher la haine des êtres humains, Santiago Genovés en ressort avec d’autres enseignements.

15.02.2024

3.5

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