Green Book Etats-Unis 2018 – 130min.

Critique du film

Un drame humaniste et sensible

Prescilia Correnti
Critique du film: Prescilia Correnti

Green Book c’est un road-movie tiré de faits réels qui se déroule dans l’Amérique des années 1960. Dans cette histoire d’amitié interraciale qui va braver et briser les codes d’une ancienne Amérique rurale et raciste, un italo-américain va se lier d’affection avec un homme de couleur en devant lui servir de chauffeur. Prix du public lors du dernier Festival de Toronto, Green Book pourrait bien être le coup de coeur de ce début d’année !

Pour comprendre le long-métrage de Peter Farrelly, il faut savoir ce qu’est initialement un Green Book. C’était une sorte de manuel pour voyageurs et automobilistes de couleur qui étaient à la recherche de « vacances sans aggravation ». Un guide de route indispensable en somme qui répertoriait les lieux de séjour « conviviaux », ceux à éviter, ainsi que quelques conseils. En cela, Peter Farrelly a choisi intelligemment le titre de son film. Un road-movie unique en son genre, Green Book est à la fois drôle, atypique, humaniste et sincère.

Quelques notes de bonnes humeurs et de franches rigolades, Green Book reste un drame qui dépeint avec véracité l’intolérance des Américains dans les années 1960. En présentant un tableau sombre de la ségrégation dans les États-Unis, le film remue son spectateur par quelques scènes chocs (les sanitaires pour « gentleman », la boutique de costume de luxe). D’autant plus que le voyage est hautement plus dangereux pour un homme noir riche et bien éduqué comme le Dr. Don Shirley.

À ce jeu là, le duo Mahershala Ali et Viggo Mortensen fonctionne incroyablement bien à l’écran. En osmose totale, l’ancienne tête d’affiche du Seigneur des Anneaux épate dans son rôle de goombah un peu rude mais à la sympathie naturelle et au coeur en or. Tandis que l’acteur de Moonlight impressionne par son éloquence, son charisme ravageur et sa douce mélancolie dans la voix et le regard.

On retrouve un peu de la patte du cinéaste qui, avec son frère Bobby Farrelly, a toujours aimé mettre en lumière les « losers », ne les prenant jamais de haut, comme dans Dumb and Dumber. Seulement pour cette fois il est seul à la barre et Peter Farrelly nous laisse entrevoir dans son long-métrage que le racisme n’est pas seulement une question de lois, mais qu’il est surtout une chose ancrée dans un nid de clichés véhiculés par les hommes.

Notons enfin que la créatrice de costumes Betsy Heimann habille avec énormément de goût Mahershala Ali, montrant dès sa première apparition à l’écran qu’il est fier de son héritage et qu’il est d’une bien meilleure classe sociale que Viggo Mortensen dont sa veste a été tachée de sang dès l’introduction. Tout est finement calculé et millimétré pour un résultat sans aucune fausse note.

En bref !

Green Book c’est avant tout un film qui réchauffe le coeur et qui nous fait sourire. Un film à l’alchimie réussie entre ses deux acteurs principaux et qui dénonce avec humour et justesse les divisions raciales, sociales et culturelles de l’époque. En soit, tout d’un futur classique du cinéma, non ?

22.01.2019

4.5

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Commentaires

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magicbertrand

il y a 4 ans

Vraiment bon film et musique géniale.


TOSCANE

il y a 4 ans

Le titre du film fait référence au "Negro Motorist Green Book", guide destiné aux automobilistes noirs à l’époque où ces derniers n'étaient pas acceptés dans de nombreux hôtels ou restaurants.
"Green Book" a fait l'objet de vives polémiques, principalement en ce qui concerne la relation pas si idyllique que cela, entre les deux protagonistes du film. Moi, je pense que c’est du bon cinéma et que la réalité était certainement encore bien pire que ce que le film a bien voulu nous montrer. J'ai envie de croire entre cette improbable amitié entre le chauffeur et son « patron ». Finalement ce film fait rêver sur cette si difficile fraternité.Voir plus


Lele

il y a 4 ans

Film porté par un casting excellent (Mahershala Ali), mais qui n'évite pas certaines légèretés sur les thématiques raciales, qui mériteraient d'être mieux abordées. La promo du film est éloquente à ce sujet.


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