Plongée dans un élevage de poules proche de la rupture. Mélanie Auffret sort à 27 ans son premier film, une comédie inoffensive sur le milieu agricole bousculée par les grandes productions industrielles.

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Raymond a toujours une petite tirade pour ses poules chéries. Accompagné de sa fidèle poule Roxane, l’éleveur est comme connecté à Cyrano de Bergerac. Une fascination qu’il partage avec ses bêtes. Une vraie connivence, une entente parfaite déboulonnée par la concurrence des grands industriels. Raymond est résigné, abattu. Mais pour sauver sa ferme, il décide de faire le buzz sur internet, en jouant du Molière avec ses poules.

« 2 centimes pour chaque œuf ! » Anne-Marie (Léa Drucker) harangue son mari, Raymond (Guillaume De Tonquédec), pour récupérer un peu d’oseille sur la vente de ses milliers d’oeufs. Mais la grande distribution rogne sur les marges, le consommateur veut payer moins. Des facteurs qui poussent Raymond à vendre. Ce sont les petits élevages bio qui trinquent. Raymond est au bord du gouffre. Alors quand il apprend que des jeunes ont réussi à sauver une boîte de nuit de la fermeture grâce à une vidéo devenue virale sur internet, l’éleveur croit en sa bonne étoile. Créer une pièce de théâtre avec sa poule, Roxane.

Mélanie Auffret use d’un sujet qui fâche : les agriculteurs face aux grands acteurs industriels. Une comédie avec son sous-texte (très) grave, ce traitement infligé aux agriculteurs souvent poussés au suicide, mais tourné en dérision dans une comédie légère, inoffensive à souhait. La colère gronde, Raymond tourne ses petites saynètes, aidé par la « roast-beef » du coin : Wendy (Kate Duchene). Ancienne prof de littérature, c’est elle qui va permettre à Raymond de se « professionnaliser » face caméra. La course aux 100’000 vues est lancée, et même réussie. Le théâtre à ciel ouvert devient un exutoire, mais est-il vraiment capable de faire changer les choses ? Une course un peu vaine, loin de convaincre dans son approche et son traitement très maigre, sans aspérité. L’idée, sous ses strates comiques, n’est pas mauvaise mais plonge rapidement dans le divertissement lisse et convenu.

En bref !

Dans une lignée comique francophone pauvre, Roxane amène une légère lueur tout en restant loin du compte. Guillaume De Tonquédec est attendrissant, plutôt bon dans son costume d’éleveur. Sous ses airs de comédie (un peu) dramatique, Auffret déballe un divertissement déguisé en papier cadeau, sans la moindre surprise à l’intérieur.