Raoul Taburin France 2018 – 89min.

Critique du film

Le coup de pédale hésitant

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Benoît Poelvoorde incarne Raoul Taburin, un mécanicien sur vélo réputé, qui ne sait pas faire de vélo. Un comble alors que les bicyclettes sont renommés les « Taburin » en l’honneur de leur populaire mécano. Le doux récit d’une gentille imposture.

Tirée de la BD créée par Sempé, Raoul Taburin (Benoît Poelvoorde) conte l’histoire d’un petit garçon qui ne sait pas faire de vélo et qui à l’âge adulte ne sait toujours pas en faire. Les lois de l’apesanteur et la force centrifuge se sont liguées contre le pauvre Raoul. Alors surfant sur une fausse réputation, l’homme verra son imposture s’effritée et prendre du plomb dans l’aile quand un certain Hervé Figougne (Édouard Baer) débarque.

Pierre Godeau s’était signalé avec Juliette et Éperdument. Avec son troisième long-métrage, le cinéaste français explore l’univers de Jean-Jacques Sempé. Benoît Poelvoorde se glisse sous les traits d’un Raoul Taburin silencieux, raconté durant son enfance et son adolescence dans une lancinante voix off. Le poids du mensonge est lourd à supporter. Plus les années passent, plus l’homme peine à maintenir son secret intact. Sa femme, Madeleine (Suzanne Clément), est son parfait alibi. Elle qui lui a intimé de ne plus faire de bêtise sur deux roues. Une vieille histoire datant de l’enfance a fait de Taburin une légende. Un malentendu, un coup de poker qui lui a permis de passer entre les mailles du filet.

Un village des visages - ce qui nous rappelle étrangement le documentaire d’Agnès Varda et JR-, voilà le détonateur. Le projet du photographe Hervé Figougne crochète le cadenas immaculé depuis tant d’années. Il n’est pas sur son vélo, c’est son vélo qui le suit. On traîne ses casseroles, comme disait l’autre. Un récit qui oscille entre pitreries et délicatesse, que Godeau tente d’orchestrer sur un ton onirique. La fantaisie se mêle à une réalité peu flatteuse. Un personnage que Benoît Poelvoorde s’approprie de belle manière, tout en rupture, sans en faire des tonnes. On aurait envie de le comparer à sa prestation mésestimée dans 3 Cœurs de Benoît Jacquot, loin de ses truculences habituelles. Malheureusement, l’ampleur du propos reste un peu faible en comparaison.

En bref !

Raoul Taburin est de ces films qui ne font ni chaud ni froid. Cette tendresse croisée à ce ton mièvre n’offre pas la dimension enfantine espérée et souhaitée par son Godeau. Rien qu’à son entame, le pire était à craindre, comme ce choix discutable de raconter la première partie en voix off. Mi-figue, mi-raisin.

15.05.2019

2.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 4 ans

Je ne connais pas du tout l'univers des BD de Sempe mais je dois dire que c'est un joli film. Ma surprise c'est de découvrir qu'il est narré pendant les 40 premières minutes, puis de manière sporadique dans sa deuxième partie. Le duo Poelvoorde - Baer fonctionne très bien et même si l'intrigue est assez mince, j'ai eu du plaisir à découvrir l'ambiance et la bienveillance que ce film dégage. (G-04.05.19)Voir plus


vincenzobino

il y a 4 ans

3.5: La roue tourne
Raoul est réparateur de vélos, mais n’a jamais su y monter sans tomber. N’osant révéler sa faiblesse à son entourage, dont son épouse Madeleine, la venue de Herve, un photographe portraitiste associant des visages à leur village et lui demandant une photo sur un vélo en action, pourrait mettre à mal son secret.
Bienvenue dans l’univers de Sempe et une sorte de retour aux sources pour Poeelvorde après le vélo de Ghislain Lambert, pour moi son meilleur rôle. Un retour assez touchant même si quelque peu imparfait.
La reconstitution assez sommaire, de même que le montage quelque peu brouillon ne feront pas de ce film une pièce inoubliable. Néanmoins, étant dans le même cas que notre imposteur, une certaine empathie m’a pris par surprise pour ce mécanicien au grand cœur. Et malgré une prétendue incohérence finalement trop facilement levée, un certain sourire (et non moquerie) m’a accompagné tout du long. Interprétation sans plus mais avec un coup de cœur pour Gregory Gadebois et Victor Assie très fort duo dont la séparation synonyme de destin nouveau s’avère marquante.
Se laisse donc tout à fait voir...Voir plus


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