Pity Grèce, Pologne 2018 – 99min.

Critique du film

Une comédie noire jubilatoire venue de Grèce

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Le réalisateur Babis Makridis nous embarque dans les tréfonds d’une pitié maladive. Souffrir à n’en plus finir, pleurer pour son bien être, se flageller même pour se sentir vivant, inspirer la pitié pour exister. Derrière ses allures alléchantes de comédie absurde, Makridis nous transporte dans les méandres d’une vie bourgeoise d’une immaculée platitude. Une comédie aussi noire que hilarante.

Inspirer la peine comme seul ressort, rester malheureux pour être vivant. Lorsque la femme d’un avocat tombe dans le coma à la suite d’un accident, l’homme, qui ne manque pas de cynisme, rappelle à tout vent sa détresse. Au pressing on lui offre des rabais, des petites économies pour sécher les larmes, la voisine, ponctuelle et matinale, cuisine de formidables gâteaux pour lui remonter le moral avec son fils. Les docteurs n’ont pas l’air d’être rassurants, alors un petit manège s’installe, au fur et à mesure que l’homme se plaint, il redevient le centre de toutes les (petites) attentions.

La machinerie est huilée, Yannis Drakopoulos n’en finit plus de pleurer et de se plaindre. Pauvre homme, sa femme ne se réveillera sans doute jamais. Et son fils dans tout ça ? Pendant une partie de carte, à la plage, au bureau, au pressing, dans les bras de sa collègue, à l’hôpital lorsqu’il rend visite à d’autres patients, bref la ritournelle du bourgeois malheureux est aussi grotesque qu’à se tordre de rire ; jusque dans cette ultime séance de piano, quand l’homme dévoile à son fils la messe composée pour l'enterrement (théorique) de sa mère, le sarcasme vous fera craquer les mandibules. Yannis Drakopoulos est tout simplement remarquable.

Nous l'aurons bien compris, au-delà de l’absurdité évidente de son personnage principal, le réalisateur Babis Makridis nous parle de l’austérité bourgeoise, et de ceux qui n’ont rien accumulé d’autre que du matériel et des galons sociétaux. Aussi, une dimension plus philosophique sur cette dépendance à la tristesse et le besoin de le faire savoir. Une intrigue efficace, sobrement et subtilement filmée par Makridis et qui marche en funambule à l'orée du thriller, et ce jusque dans une exécution finale. Makridis en a sous la semelle et nous réserve dans sa deuxième partie une large et brillante réflexion sur la dépendance à la pitié du monde, en l’on en finit plus d’y trouver des parallèles contemporains. Jubilatoire, noir, une claque assurée !

En bref !

Le réalisateur grecque Babis Makridis débarque dans les salles romandes avec une comédie noire et jubilatoire sur un homme qui carbure à la tristesse. Sans doute l’unes des comédies les plus percutantes de 2019.

20.02.2024

4

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