Le grand bal France 2018 – 90min.

Critique du film

Une danse heureuse et insomniaque

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Des gens qui dansent, qui oublient le temps et les contraintes. Le Grand Bal, présenté hors compétition à Cannes, est une ode à la joie dans sa forme la plus épurée. Un documentaire chaleureux où la danse et le chant sont les bases d’un bal historique vieux de 27 ans.

2000 danseurs de toute l’Europe, même d’Amérique du Nord, se rassemblent dans un seul endroit : le petit village de Gennetines, en France. Un grand bal qui offre une échappatoire à chacun des participants. Les corps s’entremêlent, ils se touchent pour ne faire qu’un dans un immense élan de sincérité et de bienveillance. Le soleil estival caresse et illumine les visages. Tout le monde danse sans discontinuer au milieu d’un pan de terre, pendant 7 jours et 8 nuits. Tout devient secondaire, il suffit juste de trouver son partenaire pour braver la fatigue et virevolter jusqu’à n’en plus finir.

Laetitia Carton avait crié son amour pour le dessinateur Baudoin avec Edmond, un portrait de Baudoin. Et cette fois-ci elle pose sa caméra dans un endroit où le temps demeure comme suspendu, un lieu dans lequel elle semble se retrouver, elle qui est une fidèle de la manifestation. Accompagnés de la douce voix de Carton, nous découvrons un coin où les chapiteaux sont dressés, les parquets sont fin prêts pour accueillir une valse ou une polka dans une ambiance bon enfant. Un moment d’échange où les différentes catégories sociales se mélangent, où la haine n’a pas sa place.

Le Grand Bal est une épopée humaine. Une virée joyeuse au milieu des danses que Laetitia Carton parvient à filmer avec tendresse, laissant sa caméra faire le travail au milieu des mouvements brusques et doux d’une chorégraphie dansante. Un moment heureux qui rappelle que l’être humain est bon quand il est libéré des contraintes quotidiennes. Un écho sociétal plein de chaleur qui propose également ses moments intimes, là où les confidences deviennent des paroles touchantes et vraies. Pas d’artifice, juste un échange courtois que retranscrit avec amour Laetitia Carton. Le Grand Bal illustre la beauté de la race humaine quand elle se décide à laisser de côté ses préjugés et sa retenue propre à notre époque. Il n’y a plus que la danse qui compte, plus rien d’autre n’est important, sauf les sourires accrochés sur des visages qui se succèdent devant l’objectif.

En bref !

Un documentaire qui transmet un message sans prétention : regardez-vous quand vous vous aimez les uns les autres, laissez-vous aller. Le temps se suspend et la danse devient un motif de rassemblement. Et même le sommeil n’est plus à l’ordre du jour, tout est partage et légèreté. Un voyage sensoriel et mélodieux qui peut paraître mielleux, un peu enfantin dans son propos, mais les enjeux sont bien réels et ça, Laetitia Carton ne cherche pas midi à quatorze heures pour le décrire.

20.02.2024

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

« Entrez dans la danse »

Ils sont 2000 environ à se retrouver chaque année à Gennetines, dans l’Allier, pour le grand bal. Sous des chapiteaux de toiles, pendant 7 jours et 8 nuits, tous dansent sans s’arrêter.

« Entrez dans la danse, voyez comme on danse, sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez. » Durant une semaine, ils répètent en journée lors d’ateliers organisés et s’évadent le soir au rythme d’un accordéon, violon ou tambourin. Rares sont les heures volées pour se reposer. Main dans la main, à deux, quatre ou cent, ils se laissent emporter, sur des musiques traditionnelles, dans une valse, polka ou mazurka. Pas de barrières de classe, peau, âge ou sexe. Les corps et les âmes se mélangent dans un esprit de communion pour que l’art, la culture et l’histoire puissent se transmettre. Le « Je » devient le « Nous ». Le temps n’existe plus.

Mais dans cette société idéale résistent les maux. La maladresse, la crainte des débutants de ne pas être choisis, les gestes déplacés, la jalousie ressentie face à ceux qui survolent la piste et la frustration de ne pas connaître l’extase. Quelques douleurs et des larmes qui ne pèsent guère face au bonheur échangé.

En dépit d’un peu d’attente et d’une parole trop présente, on se laisse facilement convaincre par ce beau documentaire, se surprenant taper du doigt et du pied.

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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