Joueurs France 2018 – 106min.

Critique du film

Une première descente aux enfers

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Ella, jeune fille honnête et appliquée, travaille dans le restaurant de son père et dirige plus ou moins la boutique. À la recherche de nouveaux employés pour assurer le service, elle fait la connaissance d’Abel. Cette rencontre va chambouler son quotidien et la mener à découvrir la face cachée du Paris nocturne des cercles de jeux.

Joueurs est né des expérimentations personnelles de Marie Monge, la réalisatrice, dans le monde des jeux de Paris et des rencontres qu’elle a pu y faire. Lors des interviews données durant la promotion de son film, la Française n’a cessé de répéter qu’elle avait été fascinée « par la diversité des cultures, des langues, des nationalités, des classes sociales… » brassées par cet univers souterrain. Ce cosmopolitisme est bien présent dans le long-métrage et permet de dégager une véritable identité au cœur d'un récit, qui lui se révèle plutôt classique.

Joueurs profite d’une vraie dynamique et démarre au quart de tour. En effet, les enjeux, le duo principal et les lieux d’échanges sont caractérisés dès les dix premières minutes, extrêmement efficaces. Fusionnant le film noir au thriller romantique, le film mélange les genres. Tendu et passionnel, le film est porté par ses deux personnages principaux. Interprétés par Tahar Rahim et Stacy Martin, ils sont les pierres angulaires du récit et les prestations des deux talentueux comédiens sont les plus grands atouts de ce premier film.

Si le film finit par s’essouffler, au fur et à mesure de l’avancée de cette relation nocive entre Ella et Abel, il s’appuie énormément sur l’évolution physique et mentale de son duo principal. Notamment celle de son héroïne pour développer ses thématiques majeures : la dépendance affective ou l’addiction aux jeux. Ainsi, la douce et délicate Ella se transforme en une jeune femme violente, au bord de la paranoïa et de la dépression. Un état mental qui se répercute sur sa tenue vestimentaire, sa coupe de cheveux et sur nombre d’éléments qui l’entourent (appartement, ruelles…). Une métamorphose retrouvée dans la mise en scène de Marie Monge. Les séquences deviennent plus sombres, plus violentes, plus brusques et plus pessimistes, jusqu’à atteindre leur apogée dans un final profondément triste et dur.

Résumé : Joueurs manque sans doute de maturité pour pleinement fonctionner. Cependant pour un premier film, il se joue admirablement des genres et des situations pour développer ses thématiques. Et si la réalisatrice Marie Monge ne se révèle pas être une virtuose de la caméra, elle s'impose déjà comme une grande directrice d’acteurs en exploitant admirablement les qualités de ses comédiens : la vénéneuse Stacy Martin et le ténébreux Tahar Rahim.

07.08.2018

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

« Rien ne va plus »

Propriétaire avec son père d’un restaurant de quartier, Ella engage Abel pour un essai. Mais celui-ci s’enfuit, après la fermeture, avec l’argent de la caisse. Elle le poursuit, le rattrape et se laisse entraîner dans un club souterrain, grisant et dangereux.
Les jeux de l’amour du risque et du hasard. La jeune fille sage à la mine boudeuse se laisse vite séduire par l’aisance désinvolte de ce garçon sorti de nulle part. Entre eux, la passion allume, brûle et consume. Jeu, sexe et argent sont les nerfs de cette guerre contre l’addiction qui ravage les âmes. « Game over ».

Dans ce premier film, on apprécie la mise en place rapide du plateau où chacun des deux pions se hâte pour rejoindre ou emmener l’autre. Dans le rôle, le couple Martin-Rahim convainc d’abord avant de s’étioler à petit feu. Car les dés sont pipés, enlisant leur histoire dans une partie d’échecs attendus. Les jeux sont faits, rien ne va plus.

5.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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