Isle of Dogs Etats-Unis 2018 – 101min.

Critique du film

Isle of Dogs

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Au Japon, dans un futur proche, les hautes autorités gouvernementales décrètent la déportation massive des chiens afin d'enrayer le fléau d’une surpopulation. Ghetto maritime, la “trash island” est le réservoir puant d’une surconsommation industrielle. Désastre presque lunaire, en phase terminale, celle qu’on appellera l”île aux chiens” deviendra le chenil idéal pour gazer le meilleur ami de l’homme. Mais c’est sans compter sur le courage de Atari Kobayashi, un jeune pilote qui tentera de sauver son chien Spot, le premier des déportés...

Après Fantastic Mr. Fox, Wes Anderson signe ici son deuxième long-métrage réalisé en stop-motion. Avec entre autres, Bryan Cranston, Edward Norton, Bill Murray, Jeff Goldblum, Frances McDormand, Harvey Keitel, Scarlett Johansson et encore Tilda Swinton, la distribution réunit la fine fleur chérie du cinéma contemporain dans un film engagé mais un chouïa superficiel...

Généreusement inspiré par l’art graphique japonais, Wes Anderson et la prodigieuse direction artistique ont imaginé un univers où se rencontrent stop-motion, Akira et les estampes d’Hokusai. Dans ce décor, comment ne pas reconnaître le spectre de la déportation et l’ombre atomique? Comment ne pas distinguer sous ces masques canins la personnification tragique des crises migratoires? Kaléidoscope éventré d’un siècle d’histoire sino-occidentale, Wes Anderson s’enrage et compose une oeuvre inattendue. Une douce violence, un peu naïve, un brin feel-good, mais drôle et lucide. Avec une tendresse narrative propre à la bande dessinée “Maus” de Art Spiegelman, Wes Anderson se cape de science-fiction et philosophe sur l’humanité, la démocratie et l’éthique scientifique.

Profondément cyberpunk, sur fond de surpopulation post-apocalyptique et de révolte étudiante, le film ne s’envolera finalement jamais au-delà de la simple mise en garde, embourbé sans doute au milieu d’intentions trop intergénérationnelles… Mais The Isle of Dogs est une merveille visuelle et fera nécessairement date dans la carrière du réalisateur.

(15. Februar / Berlinale 2018)

19.02.2021

3

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 6 ans

L'homme est un animal comme les autres.
Megasaki, mégapole japonaise dans un futur proche: Kobayashi, le président, a instauré une politique autoritaire interdisant tout animal de compagnie canin. Ces derniers sont exilés sur une île. Le dirigeant n'avait pas prévu que son fils adoptif, Atari, irait jusqu'à s'y rendre pour retrouver son chien Spots porté disparu. Le garçon de 12 ans est accueilli par tous les occupants dont Rex lui étant proches. Seul Chief, ancien chien errant semble hostile à cette présence étrangère. Pourtant le solitaire va devoir aider cet intrus à retrouver son protégé, quitte à tenter un retour parmi la civilisation.
Le voici donc le retour de Anderson après son fabuleux séjour au Grand Budapest Hotel. La nuitée du jour s'avérait davantage hostile et semblait nous orienter vers une sorte de satire de la surconsommation humaine.
Le sujet est davantage universel: Anderson abaisse ses semblables sous le niveau animal: illustration marquante avec la précision de départ que peu de dialogues humains seraient compréhensibles, l'idée de génie de donner la parole aux chiens et les aboiements aux humains barbares nous marque, de même que l'humour grinçant et l'écriture fantastique, notamment l'étude de mœurs sur le personnage de Chief et son lourd secret.
Parole est également donnée par le regard d'une jeune militante, à certaines causes de défense et Anderson nous rappelle que si cette cause était éradiquée et bien qu'elle en agace, ça serait le droit à la parole qui serait ôté.
Le silence est d'or mais la parole est d'argent et ce film en or est à recommander vivement, et encore plus en VO exquise...Voir plus


CineFiliK

il y a 6 ans

“Des chiens et des hommes”

Dans un Japon dystopique, les chiens, déclarés trop nombreux, sont accusés d’être les vecteurs d’une grave épidémie. Le gouverneur félinophile Kobayashi ordonne de les déporter sur l’île poubelle en vue de les exterminer. Mais son neveu Atari se rebelle en partant à la recherche de Spot, son fidèle compagnon à quatre pattes.

Le fantastique Maître Anderson se distingue à nouveau dans un film d’animation marqué par son génie unique et décalé. Inspiré par l’art nippon, il croise marionnettes et dessin dans un décor aux mille et un détails. Le résultat visuel, très réussi, nous emporte immédiatement.

Dans cet univers mêlant naïveté enfantine et gravité adulte, un casting de stars permet aux chiens d’aboyer intelligiblement, alors que les humains s’expriment dans un japonais pas toujours traduit. Le sort qui est réservé aux bêtes rappellent les heures les plus sombres de l’histoire. Quant à l’île dépotoir, elle anticipe une terre exsangue après des décennies de surconsommation. Entre le rose et le noir, le scénario souffre sur la distance de quelques faiblesses. Mais l’humour grinçant séduit et la magie de Wes opère.

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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