Everybody Knows France, Italie, Espagne 2018 – 130min.

Critique du film

Un thriller Z ou un puissant drame?

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

En 2013, Asghar Farhadi présentait son long-métrage franco-iranien Le Passé et permettait alors à Berenice Bejo de remporter le prix d'interprétation féminine. En 2016, l'Iranien était de retour sur la Croisette pour Le Client, dernier film projeté en compétition cette année-là, et repartait le lendemain avec le prix du scénario et celui du meilleur interprète masculin pour son acteur Shahab Hosseini. En 2018, Asghar Farhadi ouvre cette fois les hostilités avec son nouveau film: Everybody Knows. En revanche, tout laisse à croire, cette fois-ci, que le cinéaste repartira bredouille de Cannes.

Everybody Knows raconte le drame familial vécu par Laura et son entourage pendant le mariage de sa sœur dans son village natal en Espagne, lorsque sa fille disparaît pendant la fête. Cet événement va alors bouleverser le séjour et faire ressurgir les démons passés et les secrets enfouis de la petite famille espagnole.

Sur le papier avec son casting resplendissant mené par Penelope Cruz, Javier Bardem et Ricardo Darin, Everybody Knows (Todos lo saben en version originale) se présentait comme un drame percutant et pouvait potentiellement livrer un thriller tendu au cœur des vignobles espagnols. Au final, il n'en sera rien pendant deux longues heures.

Si la mise en scène d'Asghar Farhadi est toujours aussi maîtrisée, voire incisive dans quelques séquences, et si la photographie de José Luis Alcaine, lumineuse le jour et ténébreuse la nuit, est superbe, le long-métrage subit les travers d'un scénario bien peu inspiré.

Depuis ses premières œuvres filmiques, le réalisateur iranien s'épanche sur les affres du quotidien, les question morales... Avec Everybody Knows, le cinéaste s'empare encore de ses thématiques de prédilections au cœur de cette famille morcelée par l'argent et les vestiges d'un passé agité.

Malheureusement, le nouveau film de Farhadi ne développe jamais correctement ses enjeux éthiques et moraux. Les nombreuses révélations, disséminées dans un montage plus qu'approximatif, frisent souvent le ridicule. Pire, elles rappellent plus les rebondissements grotesques des sagas de l'été télévisées que les sublimes rebonds dramatiques d'Une Séparation ou A Propos d'Elly. En résulte, une œuvre aux divulgations prévisibles et au récit dépourvu des réflexions philosophiques auxquelles l'Iranien nous avait habitués.

05.06.2019

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Le poids du secret”

Laura, accompagnée de ses deux enfants, arrive en Espagne pour assister au mariage de sa sœur. Elle y retrouve ses proches qu’elle a quittés il y a plusieurs années pour l’Argentine. La joie des retrouvailles est courte. Durant la noce, sa fille aînée disparaît.

Dans le vieux clocher de l’église, se cachent les amours d’hier et d’aujourd’hui. La mécanique céleste marque au son de ses cloches le temps qui passe. Les rouages de la tragédie humaine sont en place, emprisonnant les pigeons aux ailes lestées par le poids du secret.

Le maître d’œuvre iranien quitte la ferveur de Téhéran pour importer une seconde fois en Europe son savoir-faire. Après la France, c’est dans la région madrilène qu’il s’impose. Suspens à la Hitchcock, belle image et trio de stars engagé, suffiraient à satisfaire. Mais le dispositif est si rigoureux qu’il en devient démonstratif, étouffant les éclats émotionnels espérés sous un cinéma de précision.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


TOSCANE

il y a 5 ans

Film un peu décevant, bruyant. Jalousies, hypocrisie, vengeance. Une intrigue invraisemblable. Beaucoup de démonstrations amicales, amoureuses, filiales exagérées qui nous font douter de leur sincérité. Pénélope Cruz est superbe et magnifiquement photographiée.


vincenzobino

il y a 5 ans

3.5: Fous d'Irene
Province de Léon, Espagne: Laura arrive avec ses enfants, dont sa fille Irène , au mariage de sa sœur. Son mari Ricardo est resté en Argentine où ils vivent. Sur place, parmi les invités, elle retrouve son amour de jeunesse, Paco, qui a racheté les vignes appartenant au père de Laura. Lorsqu'après la cérémonie, Irène manque, personne ne se doute qu'elle a été kidnappée et que quelqu'un souhaite faire surgir un lointain secret impliquant le couple d'alors.
Bienvenue dans les vignes espagnoles où le raisin et les secrets coulent à flot. Bienvenue dans la famille où les faux-semblants se manifestent : des personna non grata aux règlements de comptes, l'apparent calme de cette villégiature pourrait bien bouillir.
Après nous avoir scotché avec sa séparation et son Passé, Fahradi mêle indirectement les deux titre précités dans son opus d'ouverture cannois. La venue du couple Bardem-Pénélope Cruz pouvait nous offrir un grand cru. Sans avoir un goût de bouchon, ce règlement de comptes familial certes magnifiquement interprété (Darin et Bardem notamment impressionnants) manque quelque peu son couronnement de grand crû. La faute à une tension finalement peu présente (l'absence de musique ôtant à mon sens une part de suspense) et à une chute que, je pense, l'on peut deviner si l'on est attentif à ce qui se passe pendant la réception d'après cérémonie.
Il reste que sur un plan olfactif, l'évasion proposée dans cette campagne ne manque pas d'un certain charme même si l'hacienda s'avère finalement peu accueillante.
Se laisse donc tout à fait voir...Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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