Crazy Rich Asians Etats-Unis 2018 – 120min.

Critique du film

Pitres et histrions

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Rachel et Nick sont en couple depuis plus d’un an et sont très heureux. Cependant, lorsqu’elle rencontre enfin sa famille lors d’un voyage à Singapour, pays d’origine de Nick, l’équilibre de leur couple va être mis à rude épreuve.

Nick et Rachel forment un couple très heureux aux Etats-Unis. Cependant, à l’occasion du mariage d’un ami d’enfance de Nick, Rachel voyage à Singapour et rencontre la famille de Nick. Une rencontre qui va apporter son lot de problèmes, puisqu’elle se rend compte qu’elle n’appartient absolument pas au même monde que Nick : ce dernier est en effet l’un des fils de la famille Young, propriétaire d’un véritable empire financier et immobilier. Or, cette classe ultra-riche voit d’un assez mauvais oeil l’arrivée d’une simple professeur d’économie dans la vie du célibataire le plus en vue de tout Singapour.

Gros carton outre-atlantique où il a déjà récolté 173 millions de dollars (pour un budget initial de seulement 30 millions hors coûts marketing) et couronné par la critique, Crazy Rich Asians foule désormais nos terres avec une belle assurance et on le comprend. Succès public et critique, générateur également d’un buzz positif grâce à ses représentations et à son sujet. Crazy Rich Asians est en effet assez inédit dans la mesure où il affiche un casting 100% asiatique à Hollywood et s’attaque de front à un malaise social au sein d’une communauté peu mise en lumière. Le long métrage de Jon M. Chu laissait espérer une bonne comédie romantique qui charrierait en profondeur quelques audaces subversives.

En réalité, Crazy Rich Asians est tout l’inverse. Critique, le film l’est sans doute un peu, mais il avance avant tout cette démarche pour mieux déculpabiliser son spectateur de jouir avec les personnages qu’il a sous les yeux de leur pouvoir et de leur argent, voire dans les pires scènes du film, de leur médiocrité et de leurs plus bas instincts matériels. Difficile de rire quand on nous affirme à la fois que cette classe d’ultra-riches est pourrie gâtée mais qu’on nous invite également à rêver d’avoir la même vie qu’eux.

Crazy Rich Asians, déborde de luxe et de richesse, mais ne le problématise jamais, filmant avec admiration et grandeur le faste, bavant d’envie devant les maisons, les voitures, les bateaux, bref, tous les signes extérieurs de richesse. Pour faire contrepoint avec un peu de moraline simpliste, il se contente mollement d’affirmer, par le biais de ses trois personnages principaux (Rachel, Nick et la mère de Nick), que là n’est pas l’essentiel. Curieusement, cette posture empêche le film d’être vraiment excentrique dans ses excès, ce qui aurait pu être amusant. Il y a certes de nombreux Rich Asians ici, mais le Crazy est complètement absent. Même l’hilarant Ken Jeong n’arrive pas à y mettre son grain de folie habituel.

Quant au second sujet du film, à savoir le poids social des traditions, il sert en réalité simplement de moteur à une histoire extrêmement convenue et n’est jamais adressé comme sujet en tant que tel. Cela a beau donner une scène plutôt réussie en fin de film autour d’une partie de Mah-Jong, il est tout de même frustrant de constater que Crazy Rich Asians a pour visée première simplement de divertir son public alors qu’il avait une belle occasion de traiter un sujet complexe et peu exploré.

Mais alors, est ce que le film divertit au moins ? Pas vraiment. Ayant édulcoré tout ce qui pouvait faire son sel, il ne reste à Crazy Rich Asians que le cahier des charges de la comédie romantique la plus archétypale possible et imaginable, qu’il respecte à la lettre, sans déborder du cadre et sans même essayer un tant soit peu de se fouler pour être créatif. À moins de n’avoir jamais vu une seule comédie romantique un peu bas de gamme de votre vie, ce sont les mêmes personnages, les mêmes vannes, les mêmes situations et le même emploi de la grammaire la plus basique du cinéma (hormis un plan séquence complexe et bien vu au tout début de la réception chez la mère de Nick) que vous avez déjà vu mille fois ailleurs qui vous attendent ici. Et vous l'avez probablement déjà vu ailleurs et mieux fait.

En bref !

Crazy Rich Asians promettait au minimum un divertissement excentrique, il est en réalité aussi dingo et coloré qu’un mode d’emploi.

08.11.2018

2.5

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