The Current War Etats-Unis 2017 – 107min.

Critique du film

Edison et Westinghouse, rivalité lumineuse

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

La sortie de The Current War était gardée «en otage» par Harvey Weinstein depuis ses déboires judiciaires. Et après une première présentation catastrophique et un torrent de critiques négatives à Toronto en 2017, Alfonso Gomez-Rejon est retourné en salle de montage pour remonter son film, sauvé par Martin Scorsese, alors producteur exécutif. The Current War fut un combat de longue haleine pour son réalisateur.

À la fin des années 1880, pour composer la guerre des courants, il nous faut 2 caractères affirmés: Thomas Edison (Benedict Cumberbatch) et George Westinghouse. Edison est un partisan du courant continu et l’autre du courant alternatif, comme l’est aussi Nikola Tesla (Nicholas Hoult), autre acteur majeur du récit. Un affrontement à distance, à travers la presse et sur le terrain.

Benedict Cumberbatch était Alan Turing dans Imitation Game; il était Dominic Cummings, ce spécialiste et grand instigateur du Brexit; il est cette fois-ci Thomas Edison. Jouer des cerveaux, Cumberbatch semble être l’acteur parfait. L’incarnation physique d’un homme en décalage socialement parlant, mais en avance intellectuellement. Devant la caméra d’Alfonso Gomez-Rejon, réalisateur de Me, Earl and The Dying Girl, Cumberbatch donne la réplique à Michael Shannon, dans la peau de George Westinghouse. Duel électrique, proche du court-circuit; The Current War s’illumine grâce à une furieuse ambition de mise en scène, et une envie de cinéma pour parler de deux hommes, voire trois avec Nikola Tesla, à qui le monde doit une fière chandelle.

Dans son contexte, la course au courant pousse au progrès et penche inévitablement du côté sombre. Avec comme point d’orgue l’Exposition universelle de Chicago en 1893 et cette virtuose séquence de 3 minutes rythmée par Vivaldi - une reprise signée par Max Richter -, Thomas Edison sera l’instigateur de la chaise électrique; la mort comme sombre contrepoint à la course à l’éclairage. Un somptueux parallèle en forme de pellicule temporelle.

The Current War a du panache et propose une vision hallucinée au milieu d’une histoire faite de manipulations et d’intimidations - Edison maniant la manipulation par le biais de la presse. Car l’histoire ne s’attarde pas trop sur l’aspect personnel des deux protagonistes, mais bien sur l’enjeu commercial. Deux visions se collisionnent et forment un arc narratif autour du futur de l’électricité. Un dynamisme qui incarne cette course au succès économique, qui peut se montrer trop fragile au moment d’atteindre son point culminant, passant peut-être à côté de la rivalité acerbe entre deux fortes têtes, au profit d’une mise en scène parfois un brin trop stylisée. Mais difficile de bouder son plaisir tant The Current War dévoile un panel de maîtrise technique, une photographie brillante, signée Chung-hoon Chung, tout comme Benedict Cumberbatch et Michael Shannon, ces deux comédiens géniaux. Le scénario parfois inégal, se sauve néanmoins grâce à une multitude de lignes de dialogues inspirantes.

En bref!

Il y a de l’entrain et de la passion dans The Current War. Un duo Cumberbatch/Shannon lumineux et une furieuse envie de faire du cinéma sont les atours majeurs d’un biopic de bonne facture.

03.12.2019

4

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

vincenzobino

il y a 4 ans

Les lumières de la ville
1880: Thomas Edison ayant inventé le phonographe mène toute une série d’expériences pour développer un système lumineux incandescent. Il a le génie mais manque de subventions et du brevet tant désiré.
Westinghouse, un influent ingénieur ayant de riches contacts a les moyens financiers mais il lui manque le petit plus lui permettant d’être l’inventeur de l’éclairage. L’exposition universelle de Chicago semble être le terrain de lutte idéal.
Le voici donc ce biopic sur l’inventeur du phonographe, objet quasiment passé à-côté dans le film: l’électricité tant convoitée est le principal sujet. Avec un peu trop de dérives.
La première séquence tout de blanc et inexpliquée... jusqu’à l’ultime séquence illustre le sentiment de votre serviteur : un certain flou envahit l’esprit durant la première demi-heure jusqu’à l’entrée en scène de Tesla, le véritable expert, qui va jouer un rôle prépondérant. Jusqu’alors on aurait tendance à décrocher quelque peu ou à trouver cette espèce de lutte de pouvoir du brevet in(can)de(s)cent.
Mais la dernière demi-heure rend hommage au génie créatif de chacun, même si la représentation de Chicago me semble assez étrange. Par une certaine dénonciation involontaire de la peine de mort, objection totale de Edison quand à l’utilisation de son invention qui trouve en quelque sorte une certaine plaidoirie. Mais surtout par le coup de génie final de l’inconnu Westinghouse et une explication au plan initial... lumineuse.
On y ajoute une excellente prestation de Shannon et Cumberbatch et bien que ce film ne révolutionnera pas son genre, il se laisse tout à fait voir.Voir plus


Autres critiques de films

Civil War

Kung Fu Panda 4

Back to Black

Godzilla x Kong: Le Nouvel Empire