CH.FILM

Retour au Palais Suisse 2017 – 87min.

Critique du film

3150 fenêtres sur cour

Clélia Godel
Critique du film: Clélia Godel

Ancienne chroniqueuse judiciaire devenue cinéaste, la réalisatrice suisse Yamina Zoutat revient au Palais de Justice de Paris, son lieu de travail pendant dix ans, pour y consacrer un documentaire révélant des faces cachées de l’établissement. Une occasion idéale de lui faire honneur avant que le site ne déménage de l’Ile de la Cité vers le 17e arrondissement.

6999 portes, 3150 fenêtres et 24 kilomètres de couloirs. Derrière ces chiffres se cache le Palais de Justice de Paris, gigantesque labyrinthe où se croisent tous les jours juges, avocats, gendarmes, policiers, accusés, prévenus, déférés, personnels pénitenciers, journalistes et touristes. Un lieu chargé d’histoire(s) qui devra bientôt regagner des bâtiments tout neufs.

En évitant la dramaturgie d’une affaire judiciaire, Yamina Zoutat préfère nous présenter le Palais de Justice en visitant ses couloirs sombres et en discutant avec ceux qui le font vivre au quotidien. Si l’idée partait d’une bonne intention, on regrette toutefois la direction que prend le documentaire. Sans véritable fil rouge, ni progression logique, le long-métrage n’est en effet constitué que d’une succession d’anecdotes contemporaines ou historiques qui partent un peu dans tous les sens. On apprend par exemple que les fenêtres sont toutes verrouillées suite à la menace d’une femme de se jeter du cinquième étage si elle n’obtenait pas gain de cause lors d’un jugement, ou que le feu a ravagé le Palais pendant la Commune de Paris en 1871. Des potins certes intéressants, mais très anecdotiques.

A l’inverse de la réalisatrice qui a déjà arpenté une bonne partie du Palais et qui connait les rouages de la justice, le spectateur novice manque de vision d’ensemble pour être capable d’imaginer toute l’effervescence qui règne dans ces murs, sans parler du jargon juridique qu’il faut apprivoiser. Une démarche sans doute trop personnelle (après tout, Yamina Zoutat le dit elle-même : « qu’est-ce que je n’ai pas vu quand j’étais chroniqueuse judiciaire ? ») qui n’arrive pas à captiver pendant 1h30.

Ceci se ressent également dans l’aspect visuel du documentaire : l’admiration du départ laisse peu à peu la place à une sensation étouffante due aux nombreux gros plans sur lesquels la cinéaste s’attarde parfois trop longuement. Ces images, qui ne sont d’ailleurs pas toutes superbement cadrées, bénéficient essentiellement du support sonore de bruits d’ambiance collectés par la réalisatrice (parquet qui grince, menottes qui s’agitent, battants d’horloges) : un peu plus de musique aurait probablement adoucit l’ensemble.

En Bref ! Yamina Zoutat s’engouffre dans les méandres de cet énorme labyrinthe dans un projet ambitieux mais trop personnel pour intéresser le spectateur non initié. Manquant de structure narrative forte et de souffle, Retour au Palais est un documentaire trop anecdotique qui peine à véritablement convaincre : le Palais de Justice méritait sans doute mieux que ça !

19.10.2018

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