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La belle et la meute France, Liban, Norvège, Qatar, Suède, Suisse, Tunisie 2017 – 100min.

Critique du film

La belle et la meute - Aala Kaf Ifrit

Adrien Kuenzy
Critique du film: Adrien Kuenzy

Mariam, jeune étudiante à l’université de Tunis, est violée au sortir d’une fête organisée dans un hôtel. Elle veut porter plainte, mais elle se heurte à la suspicion, voire au déni, quand ce ne sont pas des menaces. Kaouther Ben Hania s’inspire d’un fait réel et d’un livre pour filmer, caméra au poing, les démarches d’une jeune femme qui réclame justice. La réalisatrice tunisienne frappe fort.

Après la fête, Mariam pleure et trébuche dans la nuit, en état de choc. Dès ce moment, la caméra ne la quitte plus : à travers une suite de neuf plans-séquences, tous les gestes de la jeune femme sont scrutés. La violence physique est habilement rare, laissant une présence importante à la maltraitance psychologique. Tous les recoins parcourus par Miriam sont potentiellement dangereux et le film trouve progressivement les qualités d’un thriller politique. La jeune actrice Mariam Al Ferjani incarne parfaitement son personnage et le porte jusqu’au paroxysme du désespoir qu’il doit combattre pour survivre ; sur un fond d’innocence et transcendant largement un réalisme ennuyeux, il dépasse ainsi la détresse hystérique pour s’engager avec courage dans une poétique de la révolte.

19.10.2017

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Le pacte des loups”

La fête promettait d’être belle, mais une déchirure va tout gâcher. Mariam troque sa sage robe noire au col Claudine contre un décolleté pigeonnant bleu apporté en urgence. Quelque peu gênée en ce vêtement trop serré pour ses formes, la jeune fille timide gagne néanmoins en assurance. Elle danse, charme et se laisse séduire. Puis, la voilà qui s’enfuit dans la nuit, terrorisée, le visage ravagé par les larmes.

Mariam a été violée. Il lui faut obtenir un certificat médical pour pouvoir porter plainte. Mais la loi exige de déclarer auparavant le crime à la police. Comment faire quand les agresseurs présumés sont des représentants de l’ordre ? Le parcours de la combattante débute dans les méandres infinis de l’administration tunisienne au rythme d’un décompte inversé des plus inquiétants. Le machisme ambiant, la mauvaise foi, la bêtise crasse et la corruption dominent. Les visages bienveillants se raréfient. Jugée sur son accoutrement, la victime culpabilise. On l’incite à abandonner la lutte. Mais le voile qu’elle a quémandé deviendra une cape de justicière. Au milieu des loups et des porcs, l’agnelle refuse d’abandonner ses droits. A la limite du conte noir, le film pêche parfois par un côté démonstratif aux figures caricaturales. Il relate une histoire vraie pourtant questionnant une société dans laquelle un baiser échangé est un outrage passible de prison, alors qu’un viol collectif serait plus tolérable. La prochaine révolution tunisienne devra passer par les femmes.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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