Moi, Tonya Etats-Unis 2017 – 121min.

Critique du film

I, Tonya

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

En 1994, le monde du sport est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d'avoir planifié et mis à exécution l'agression.

Présenté au festival de Toronto en septembre dernier, I, Tonya a été très apprécié par la critique et adoré par les spectateurs qui l’ont désigné runner-up du prix du public (médaille d’argent). Un succès qui lui a permis de se placer dans la course aux Oscars avec trois nominations.

Très clairement, I, Tonya n’est pas un biopic classique et pompeux. Bien au contraire, le film de Craig Gillespie (Finest Hours) est une boule imprévisible qui mélange les genres en passant du thriller au faux documentaire, du biopic sportif au drame familial tout en se plongeant dans une satire mordante du rêve américain. Dynamité par son montage incroyable, le film se donne aussi des airs Scorsesien dans une première partie proche des Affranchis avant de se transformer en comédie policière noire jouissive rappelant le style des frères Coen.

Au-delà de son rythme intensif, I, Tonya est surtout porté par la prestation magistrale de Margot Robbie. Inconnue du grand public avant son apparition dans Le Loup de Wall Street, l’actrice australienne s’est forgée une grande popularité avec le film de Martin Scorsese (puis Suicide Squad). Totalement métamorphosée, modifiant le ton de sa voix et franchissant le quatrième mur dans ce nouveau biopic, elle passe dans une autre dimension. Accompagnée par la diabolique Allison Janney dans le rôle de la mère de Tonya Harding et de Sebastian Stan (parfait), Margot Robbie délivre une performance marquante entre colère et sensibilité.

20.02.2024

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Sport de combat”

Si les fées s’étaient penchées sur son berceau, elle aurait pu devenir la plus douée des patineuses de sa génération. Mais un destin forcé fit de cette fille modeste une personnalité haïe de tous les Etats-Unis. Voici l’histoire, à peine romancée, de Tonya Harding.

En 1994, année olympique, le monde entier se passionne pour ce fait divers qui monopolise la une des médias voraces durant de trop longues semaines. Les « Why me » désespérés de Nancy Kerrigan, le genou tuméfié suite à un coup de matraque, déchirent les écrans de télévision. Très vite, sa rivale sportive, Tonya Harding, est accusée d’avoir fomenté l’agression. Princesse des neiges contre reine de la glace, l’affiche en noir et blanc attise les esprits voyeurs.

Ce documentaire-fiction marqué par un humour sombre évite le duel annoncé en se concentrant à bon escient sur la personnalité de Tonya ; une pauvre gamine, violentée dès son plus jeune âge par sa sorcière de mère, à laquelle succède un époux brutal. Battue pour devenir une battante, justifie-t-on maladroitement. Dans un univers si cloisonné, Tonya, athlétique, grossière et misérable, n’a jamais eu les strass et paillettes nécessaires pour accomplir son rêve américain. Seul le rôle de la méchante lui était promis.

A l’aise dans ses patins, Margot Robbie lui redonne de la hauteur et quelques couleurs, évitant ainsi au film de chuter dans la farce trash ou tragique.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


vincenzobino

il y a 6 ans

A history of violence
1994, alors que les Jeux Olympiques approchent avec un duel annoncé entre les deux patineuses américaines Nancy Kerrigan et Tonya Harding, l'agression de la première apparemment commanditée par la seconde est sur toutes les lèvres. Mais Tonya était-elle vraiment l'instigatrice? Sa mère et son mari qui l'humiliaient depuis son plus jeune âge n'avaient-ils pas non plus leur part de responsabilité?
Le voici cet événement cinématographique pour tout connaisseur de patinage artistique. Qui n'a pas en tête cette séquence surréaliste de Nancy Kerrigan ensanglantée et de l'issue tragicomique des JO de Lillehammer? Étant fan de Nancy Kerrigan et alors adolescent, vous pensez bien que j'attendais avec une certaine impatience ce verdict visuel. Et j'en ressors avec un sentiment de voyeurisme et d'affluence journalistique certaine.
Sur un plan factuel effectivement, Tonya Harding passe pendant la première heure comme la tricheuse qu'elle me paraissait alors. Sauf que, elle était elle-même entourée d'un univers de violence qui, en cette période de "mee too" et balance ton porc, en faisait une victime. Et d'accusateur, le regard du spectateur fan de Nancy se remplit du coup d'une empathie absolue envers la blonde de Portland.
Sur un plan cinématographique, le montage est exceptionnel: les séquences de patinage sont assez bien reconstituées si ce n'est peut-être un passage trop rapide sur la compétition de Lillehammer où la dramaturgie n'est pas aussi nette que la situation d'ailleurs (je ne peux décrire mon attitude sans spolier mais cette soirée fut alors jubilatoire). Mais c'est bien le procès de loosers ainsi que l'attitude surréaliste de la presse qui est remarquablement traitée.
Et que dire des actrices: Margot Robbie est exceptionnelle et est Tonya, tel qu'une partie de la population l'a perçue. En marâtre, Allison Janney est bluffante et mérite ses prix alors reçus.
L'écriture assez trash est également efficace parvenant à montrer l'envers du décor du patinage et du monde sportif en général. Et la reconversion sportive de Tonya illustre ce phénomène de violence sur toutes ses formes.
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