Linda est née en Croatie, mais elle a grandi en Suisse. Peu après la guerre, elle retourne vivre dans le pays de son père où elle rencontre Eta, une adolescente de son âge. Les deux filles s'entraînent mutuellement dans un jeu obsessif et sensuel d’échange d’identité, jusqu'au drame. Après la mort d'Eta, Linda prend peu à peu sa place dans sa famille, s'enfonçant dans le mensonge et l'angoisse, hantée par le fantôme de son amie.

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Huit ans après le très beau Das Fraülein, Andrea Staka revient sur les écrans avec une seconde fiction, plus personnelle, plus complexe mais qui fouille les mêmes eaux troubles de la double appartenance à la Suisse et aux Balkans. Grâce à cette histoire fantastique, lointainement basée sur un fait divers, elle montre les tiraillement de Linda entre ses deux nationalités et son envie dévorante d'appartenir à un lieu et à une famille. Cure - qui se traduit approximativement par "les gamines" - est symbolique et pictural là où le premier film d'Andrea Staka était réaliste et brut. La réalisatrice s'aventure ici dans d'autres espaces mentaux, sans perdre de sa force de mise en scène, mais au risque de détours parfois confus. On s'égare dans le mutisme de la jeune héroïne, si détachée face au cauchemar que devient sa vie, et le rôle incertain que la famille d'Eta accepte d'endosser fait hésiter le projet entre fantastique et thriller psychologique. Mais la puissance d'évocation des paysages autour de Dubrovnik et le beau visage inquiet de Linda compense les complications scénaristiques. La démarche de Staka est courageuse, elle a pris le risque de ne pas refaire le même film une deuxième fois, et offre un long-métrage aux images magnifiques, dans lequel il faut accepter de se perdre un peu.