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Confusion Suisse 2014 – 71min.

Communiqué de presse

Confusion

Caroline Gautier, Cheffe de cabinet au département de la Sécurité du Canton de Genève, s'apprête à accueillir un ex-détenu de Guantanamo, pour lui offrir une nouvelle vie en Suisse.Suivie par un duo d'étudiants en audiovisuel qui font son portrait en cette glorieuse journée, Caroline se prépare à traverser les événements haut la main.Mais rien ne se passe comme prévu. Entre manifestants hostiles, ambassadeur chinois sur les dents, émissaire américain impatient et adversaires politiques bien décidés à lui mener la vie dure, Caroline se retrouve plongée dans un incroyable maelström.Soumise à un pernicieux chantage, bousculée dans ses fonctions et dans sa vie privée, Caroline va devoir lutter pour défendre ses positions et préserver le destin d'un homme.

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Commentaires

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Dan Wechsler

il y a 8 ans

C’est arrivé près de chez nous!!

«CONFUSION» Le Genevois Laurent Nègre imagine les coulisses peu glorieuses de la diplomatie helvétique dans un «documenteur» sur l’accueil d’un ex-détenu de Guantánamo. Imparfait, mais pertinent. Entretien.

Cheffe de cabinet au Département de la sécurité du Canton de Genève, Caroline Gauthier doit accueillir un ex-détenu de Guantánamo à son arrivée en Suisse. Alors qu’elle est filmée par deux étudiants en cinéma, tout va de travers. Aux pressions de la diplomatie américaine et chinoise s’ajoute bientôt le chantage d’un adversaire politique sans scrupules. Accu­lée, comment réagira-t-elle?
Inspiré de faits réels et mis en scène comme un reportage tourné sur le vif, Confusion tient du «documenteur». Laurent Nègre y sème une certaine... confusion, dont son film fait parfois les frais en mariant encore satire et thriller. Le propos reste toutefois d’une grande pertinence.
Son court métrage Schenglet (2004) évoquait déjà l’im­migration dans l’Europe de Schengen à travers le genre de l’anticipation, et sa co­médie policière Opération Casa­blan­ca (2011) traitait de la paranoïa post-11-Septem­bre. Avec Confusion, le Genevois creuse son sillon dans un cinéma suisse où le documentaire est volontiers engagé alors que la fiction s’empare rarement de sujets brûlants. Rencontre avec un cinéaste qui carbure à l’indignation.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le cas des ex-détenus de Guantánamo accueillis en Suisse?
Laurent Nègre: Ces trois personnes ont obtenu l’asile au prix d’une intense lutte politique entre la droite et la gauche de 2008 à 2010. Confusion est un film sur les arcanes de la diplomatie. Nous avons imaginé ce qui aurait pu se passer en coulisses pour montrer l’hypocrisie de la Suisse, qui louvoie entre sa tradition humanitaire et une realpolitik toujours plus prégnante. Je voulais aussi rappeler l’existence de la prison militaire de Guantánamo, une aberration qui perdure depuis quinze ans.

Pourquoi avoir mis en scène ce thriller politique sous la forme du «documenteur»?
– Je pensais d’abord réaliser un documentaire sur les frères Mahnut, les deux réfugiés ouïghours du Jura, mais le plus jeune ne voulait pas apparaître dans un film. J’ai alors opté pour une fiction, qui permet d’approcher plus près la réalité. Dans un documentaire, on ne serait pas monté dans l’avion avec les négociateurs! Cela dit, un thriller classique aurait imposé des procédés narratifs académiques, une dramaturgie très structurée. Là, c’est plus chaotique, les ellipses s’apparentent à des accidents de tournage. On y gagne un effet de réel.


Confusion serait donc un documentaire réalisé par deux étudiants en cinéma, qui tiennent par ailleurs un site internet. Pensez-vous que les spectateurs soient dupes d’un tel dispositif?
– A l’issue des projections en festivals, on m’a quand même demandé plusieurs fois comment j’avais convaincu le diplomate américain de participer au film! En Autriche et en Allemagne, j’ai eu la confirmation qu’un «documenteur» marche toujours mieux auprès d’un public étranger. Un personnage qui parle dans une autre langue, comme l’émissaire chinois, paraît plus authentique.
Entre une émission de téléréalité, un film hollywoodien ou une vidéo de la guerre en Syrie vue sur un téléphone, des registres audiovisuels très variés cohabitent aujourd’hui. Face à ces images, les gens ont des réactions surprenantes: ils vont accorder une valeur scien­tifique à Interstellar et prendre au sérieux sur Facebook la thèse complotiste selon laquelle l’homme n’a jamais marché sur la Lune. Mon film joue sur ces degrés de crédulité. Je souhaite que son ambiguïté incite le spectateur à se poser des questions, lui donne envie d’en savoir plus. Les réalsateurs sont des comédiens, mais les infos du site internet sont véridiques. L’important c’est que les gens s’intéressent au sujet, et pas seulement le temps de la projection.

Pourquoi avoir aussi ajouté un aspect satirique?
– En côtoyant des représentants politiques, on décou­vre qu’il y a un côté amateur dans leur manière d’agir, une part d’incompétence et d’improvisation. Ils sont pris au dépourvu par les questions des journalistes, par le moin­dre imprévu. Le fonctionnement de l’appareil est beaucoup moins professionnel qu’on l’imagine. Ce qui est à la fois comique et touchant, parce que ça les humanise.

Votre fiction se veut vraisemblable. Dans quelle mesure est-elle documentée?
– J’ai fait beaucoup de recherches quand je préparais un documentaire sur les frères Mahnut. Pour ce qui relève des arcanes de la diplomatie, j’en ai parlé avec des con­seil­lers politiques à Genève et à Berne. Dans le film, l’adversaire de Caroline Gauthier use du chantage aux mœurs. Une fois les voies réglementaires épuisées, c’est la dernière arme à disposition en politique. On l’a vu lorsque Christiane Brunner a été écartée de la course fédérale à cause d’une rumeur de partouze. De Clinton à DSK, l’efficacité des scandales sexuels a été démontrée.

Au-delà de telles pratiques, c’est l’absence de courage politique que vous dénoncez?
– Pire que cela. Comme je le fais dire au personnage de Caroline Gauthier, «le problème de notre époque, c’est que plus personne ne veut assumer la moindre responsabilité». Même les camps les plus extrêmes se réfugient derrière leur parti ou la volonté du peuple. Je ne vois aucun politicien qui revendique une idée et la défend jusqu’au bout. Impossible ainsi de se positionner, d’identifier ses adversaires. Tout le monde semble déconnecté du processus de décision, comme si elle tombait du ciel!

Ces questions, rarement abordées au cinéma, ne semblent pas susciter un grand intérêt...
– Le Génie helvétique avait montré le pouvoir des lobbies au Parlement. Il existe aussi en Suisse une tolérance étonnante envers les conflits d’intérêts liés aux multiples mandats des conseillers fédéraux. Les journalistes politiques ne font pas leur travail et la plupart des gens ne voient pas où est le problèmVoir plus


benjamin_c_

il y a 8 ans

Excellent!


Dan Wechsler

il y a 8 ans

Confusion est-il vraiment un film de Laurent Nègre? Dès le générique de début, le doute s’installe. Le nom du réalisateur est à peine mentionné dans un coin, pendant que deux autres personnes y sont créditées comme les auteurs. Pour quelle raison? Mystère. Puis très vite, après quelques secondes, le ton du reportage impose sa loi. Des plans tournés à l’arrache emboîtent le pas à une femme, Caroline Gautier, en train de se démener pour accueillir un réfugié de Guantánamo. Mais l’incident diplomatique n’est pas loin. Palabres téléphoniques, discussions de couloir, visite d’un appartement réservé pour le réfugié, manifestants brandissant des pancartes. Tout a l’air terriblement réel. Jusqu’au moment où Caroline Gautier et ses assistants décident de prendre le train pour Berne afin de régler cette affaire. Un peu avant, on comprend que le film qu’on est en train de voir est en réalité un reportage réalisé par deux étudiants en audiovisuel qui ont carte blanche. Enfin presque. L’un des intervenants leur demande parfois de couper la caméra. Ou juste le son. Plus tard, un diplomate chinois leur fait comprendre qu’il vaut mieux ne pas le filmer. Et tout ce monde d’arriver à Berne, ou plutôt à l’aéroport de Belp. Le dispositif impressionne, la confusion est à son maximum. A l’écran comme dans nos têtes. Car même si on sait pertinemment que le film est réalisé par Laurent Nègre, et avec des comédiens d’ici – dont une Caroline Gasser qui crève l’écran comme jamais – le doute subsiste envers et contre tout. Et cela grâce à une gestion absolument parfaite des effets de réel. A l’instar de ce qui se produisait dans The Blair Witch Project, rien ici n’a l’air mis en scène, y compris les passages les plus absurdes, exemple cette course-poursuite nocturne dans les bois vers la fin. En un mot, c’est épatant.Voir plus


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