Critique19. März 2019

« Us » - Donne-moi ta main et prends la mienne

« Us » - Donne-moi ta main et prends la mienne
© Universal Pictures International Switzerland

En 2017, le comédien Jordan Peele surprenait tout le monde en mettant au monde le génial « Get Out », un excellent film d’horreur et intelligent en plus d’être le tout premier film de son réalisateur. Les attentes étaient donc au plus haut en ce qui concerne ce nouveau « Us », nouveau cauchemar dans lequel une famille se retrouve confrontée à ses doubles maléfiques.

De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson (Lupita Nyong'o) a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe (Winston Duke) et leurs deux enfants : Zora (Shahadi Wright Joseph) et Jason (Evan Alex). Mais après une journée tendue à la plage, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée : leurs propres doubles.

Us est malheureusement une amère déception, et en premier lieu car le film s’avère très ordinaire dans sa globalité mais montre, au détour de quelques scènes, qu’il aurait pu être capable du tout meilleur. On pense à une scène absolument jouissive avec le fils Jason face à son double autour d’une voiture, ou encore à l’incroyable séquence prologue. Deux scènes qui jouissent particulièrement du travail très reconnaissable de Michael Gioulakis, le chef opérateur révélé par le ô combien cinégénique et merveilleux It Follows.

Un cauchemar du quotidien...

Mais en dehors de ces séquences, et quelques sympathiques photogrammes vers la fin, Us est désespérément normal. Point crucial de Get Out, le fond politico-social si pertinent est ici quasi-absent, réduit à un vague élément de contexte sur un carton introductif. Clairement, l’idée ici est de livrer un cauchemar du quotidien comme a pu le faire brillamment La Quatrième Dimension, mais Us n’a pas assez d’imagination ou de folie pour y parvenir, et quitte à jouer au jeu des doubles, autant revoir The Thing ou Dead Ringers.

La famille des doubles © Universal Pictures International Switzerland

Le fait que le coeur du film soit un (double) home-invasion tout ce qu’il y a de plus banal en dit long d’ailleurs à ce sujet. Tout y paraît vieillot, daté, à commencer par les vilains jumeaux eux-mêmes, dont le traitement laisse franchement perplexe. La faute à une forme d’outrance assez convenue, de la voix de Lupita Nyong’o aux déplacements et grognements d’Evan Alex, à globalement leur manie à tous de sourire en écarquillant les yeux pour espérer faire peur.

Il n’y a pas grand-chose à craindre des méchants...

Us achève de mortellement frustrer en refusant quasiment toute violence graphique, et surtout... en annulant ses propres menaces. Des choix qui pèsent lourd pour un film dit d’horreur. Sans spoiler, après une scène de bateau, on comprend très vite qu’il n’y a pas grand-chose à craindre des méchants et que les gentils bénéficient d’une cape d’invulnérabilité en peau de scénario hollywoodien familial à l’humour dédramatisant. Ce même scénario qui finira d’ailleurs par dénaturer la maigre tentative d’abstraction cauchemardesque dans son dénouement, à grand coup de logique et d’explications du plan machiavélique, aussi encombrantes que classiques . Rendez-nous Austin Powers et son « rayon » « laser ».

En bref !

Jamais effrayant, jamais violent, et à peine dérangeant, Us est un petit échec d’horreur parfaitement oubliable, bien en dessous de son aîné à tout point de vue.

2,5/5 ★

Plus d'informations sur Us.

Cet article vous a plu ?


Commentaires 0

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement