Critique6. August 2018

«Under The Silver Lake» - Un polar brumeux halluciné et hallucinant

«Under The Silver Lake» - Un polar brumeux halluciné et hallucinant
© Ascot Elite Entertainment Group.

Under the Silver Lake est le troisième film de David Robert Mitchell, dont le dernier long-métrage (It Follows) avait marqué la Quinzaine cannoise grâce à la tension causé par un récit angoissant et fantastique. Sa nouvelle œuvre, présenté cette fois en compétition officielle pour la Palme d’Or, n'a pas eu le même succès lors du dernier festival. Le film sera reçu moyennement par le public et divisera largement la critique. Qu'en est-il réellement ?

Dès son ouverture sur ce message « Attention au tueur de chien », le long-métrage de David Robert Mitchell nous inscrit dans une énigme qui demandera des réponses. La première d'une longue liste de secrets et de cachotteries que le personnage principal va découvrir au fur et à mesure de sa quête. En cela, Under the Silver Lake est des plus passionnants. Après une brève présentation des acteurs principaux du récit, le film va rapidement nous transporter dans une quête de plus de deux heures aux côtés de son héros Sam, sans jamais le quitter.

Sam (Andrew Garfield) est la représentation parfaite du spectateur découvrant, au fil des minutes, toutes les machinations qui l’entourent dans ce Los Angeles frivole, inquiétant et sibyllin. Le moyen de nous faire voyager à tous les coins de la Cité des Anges, de ses plages de sable fin à son observatoire, de la célèbre colline hollywoodienne aux cimetières de stars en passant par son réservoir. Des déambulations incessantes, de jour comme de nuit, proposant un jeu de piste ultra-référencé où les hommages à Alfred Hitchcock (Vertigo, Fenêtre sur Cour, la musique aux airs Hermannien), David Lynch et son Mulholland Drive, Paul Thomas Anderson et Thomas Pynchon (Inherent Vice) ou encore Robert Altman (Le Privé), se multiplient.

Une œuvre profondément marquante et unique...

Des références pops, colorées et post-modernes dont David Robert Mitchell n'use pas comme d’un simple gadget (même si parfois il frôle la surenchère). Au contraire, il s'en sert pour jouer des codes du film noir, de l’horreur et même du fantastique. Il fait alors d’Under the Silver Lake, une œuvre profondément marquante et unique. Avec son trip halluciné dans les sombres ruelles de Los Angeles, le film offre un scénario imprévisible, parfois proche du mindfuck et pointe du doigt la folie parano que peut engendrer la pop-culture.

© Ascot Elite Entertainment Group.

Certes, sur 2h20 de pérégrinations, Under the Silver Lake manquera parfois de rythme. Le grand final pourra d’ailleurs en décevoir plus d’un, choisissant de ne pas tout expliquer et de laisser de multiples mystères énoncés sans réponse. Cependant, l’œuvre de l’américain foisonne tellement d’idées visuelles et de mouvements de caméra vertigineux, développe une telle multiplicité de thématiques si impressionnantes et fourmille de tant de détails, qu’elle marquera assurément chacun des spectateurs. Le film profite aussi d'un Andrew Garfield exceptionnel, sans doute dans son meilleur rôle au cinéma jusqu'ici.

En bref

Mêlant les codes du film noir, de l'horreur et du fantastique, sorte d'hommage au cinéma de Hitchcock, Lynch et Altman, Under the Silver Lake est un OVNI imprévisible. Une enquête ultra-référencée, colorée, perturbante et parfois proche du mindfuck dans les bas-fonds d’un Los Angeles brumeux et paranoïaque. Porté par un Andrew Garfield absolument génial, le film de David Robert Mitchell demandera sans doute de multiples visionnages pour en saisir toutes les subtilités. Le signe d'une oeuvre d'une folle richesse.

Note de la rédaction -> 4/5 ★

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