Critique28. September 2018

«The Little Stranger» - Atmosphère délicieusement gothique

«The Little Stranger» - Atmosphère délicieusement gothique
© Pathé Films

Un film hanté, à l’atmosphère oppressante signé Lenny Abrahamson. Le cinéaste irlandais continue à faire résonner son nom. De «Room», qui a permis à Brie Larson d’accéder au rang d’actrice oscarisée, à l’original «Frank» en passant par la bonne série «Chance», le metteur en scène enchaîne les projets de qualité, tout comme «The Little Stranger», basé sur un roman de Sarah Waters paru en 2009. Une nouvelle ligne de référence à son curriculum vitae.

C’est en 1919 que le docteur Faraday (Domhnall Gleeson), encore enfant, découvre le manoir Hundreds Hall, grâce à sa mère autrefois employée de maison dans cette demeure. 30 ans plus tard, il est appelé pour une auscultation. Les choses ont changé, l’ambiance est totalement différente, comme oppressante. Le domaine est la propriété de la famille Ayres. Il ne reste que la fille, Caroline (Ruth Wilson), la mère, Angela (la toujours fascinante Charlotte Rampling), et le fils, Roderick (Will Poulter), revenu de la guerre couvert de cicatrices et de brûlures. Tout est en décomposition : la maison, les finances, le destin familial… Tout semble à l’abandon, le lustre d’antan est dorénavant un vieux souvenir. Si tout le monde semble attendre la mort et se laisse bercer par sa nostalgie, une étrange présence continue à hanter les lieux. Faraday parle rapidement de Susan, la fille d’Angela décédée à l’âge de huit ans. Est-ce sa présence qui fait craquer le plancher, à l’origine des sons de cloche toujours plus inquiétants ?

Le véritable sens de l’histoire, et c’est là que réside la force de The Little Stranger, n’est pas exclusivement axé sur les activités paranormales. La maison opère comme une métaphore, un message sous-jacent. Des souvenirs enfouis et cachés dans les pièces, une brillance d’antan perdue à jamais et des locataires à la santé mentale aussi déplorable que la bâtisse. La beauté du film est avant tout dans son récit atmosphérique, aussi hypnotique que stylisé. Lenny Abrahamson maîtrise parfaitement son histoire, réussit à nous balader entre les murs d’Hundreds Hall au prix d’une poésie délicieusement gothique et captivante.

Envoûtant de bout en bout ...

Des personnages parfaitement campés par une excellente distribution, menée par la performance XXL de l’ex star de la série «The Affair», Ruth Wilson. D’une extrême justesse, tout comme son partenaire à l’écran Domnhall Gleeson. Tous sont marqués par différents stades de traumatisme qui se marient admirablement avec les sons étranges d’une maison toujours plus bruyante. Aussi, The Little Stranger traite minutieusement, durant la majeure partie du métrage, de la lutte des classes sociales entre la classe ouvrière et les aristocrates de l’époque.

The Little Stranger (2018) © Pathé Films

En bref !

Un film de maison hantée au mécanisme réfléchi, envoûtant de bout en bout, à la tournure énigmatique. Lenny Abrahamson rappelle James Ivory, et dépeint habilement le portrait d’une famille mystérieuse. Et même si le cinéaste irlandais met du temps avant d’arriver au dénouement, le processus et le mécanisme employés nous rappellent que l’intelligence dont il fait preuve nous prouve qu’Abrahamson fait partie des grands réalisateurs du moment.

Note de la rédaction -> 3,5/5 ★

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