Critique23. Juli 2018

«Sweet Country» - Un western rude, aride et percutant

«Sweet Country» - Un western rude, aride et percutant
© Praesens-Film AG

Sweet Country a été présenté en compétition lors de la dernière Mostra de Venise. S’il n’avait rien pu faire face au mastodonte La Forme de l’eau ou 3 Billboards, le film avait tout de même reçu le Prix Spécial du jury présidé par Annette Bening. Le moyen pour son réalisateur australien Warwick Thornton de confirmer son grand potentiel, neuf ans après avoir reçu la Caméra d’Or à Cannes pour son premier film Samson et Delilah.

Sweet Country se déroule dans l’Australie des années 1920. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire de Sam Kelly, un ouvrier agricole aborigène obligé de fuir dans l’outback profond alors qu’il est poursuivi par un homme de loi pour avoir tué un Blanc.

La plus grande chose à retenir de Sweet Country est sa force visuelle. Esthétiquement, le long-métrage de Warwick Thornton est absolument sublime. Il offre nombre de plans irréprochables des plaines sauvages de l’outback, des plateaux arides de l’Australie profonde ou du désert de sel (point culminant de la poursuite), le tout dans une lumière éblouissante où le ciel orangé finit par se confondre avec les vastes étendues safranées. L’ensemble, tourné uniquement en extérieur, est filmé de manière très classique par le cinéaste australien mais avec une vraie maîtrise qui permet au film de développer allègrement son propos historique et sociale.

Le réalisateur narre un petit fait réel pour pouvoir développer ce qui a forgé la grande Histoire de son pays...

En effet, bien au-delà de sa maestria visuelle illuminant l’écran, Sweet Country se veut bien plus qu’un simple western dans l’Australie des années 20. L’austérité des lieux et la rudesse des plans sont les miroirs de cette nation de l’époque, divisée et profondément raciste. Au travers de son personnage noir Sam Kelly, superbement interprété par l’inconnu Hamilton Morris, le réalisateur narre un petit fait réel pour pouvoir développer ce qui a forgé la grande Histoire de son pays. Les tensions raciales entre aborigènes et blancs sont la clef de voûte de l’Australie d'aujourd’hui, et à une époque où les relations communautaires sont particulièrement tendues, Sweet Country résonne particulièrement dans notre monde si morcelé.

L'acteur Sam Neill (alias Fred Smith)
L'acteur Sam Neill (alias Fred Smith) © Michael_Corridore - Sweet Country (2017)

Par le biais de cette fine observation de l’histoire de son pays, et in extenso du monde actuel, Warwick Thornton offre un climax, certes attendu (le film débute par un flashforward), mais qui sera surtout l’occasion de présenter la bipolarité de l‘être humain. Ainsi, la bienveillance et l’animosité, la noblesse et la lâcheté de l’humanité se chevauchent dans un final d’une cruauté saisissante et terriblement émouvante.

En Bref !

Esthétiquement parlant, Sweet Country est une magnifique réussite portée par la mise en scène soignée et maîtrisée de son jeune réalisateur. Mieux encore, il diffuse des valeurs sociales importantes à l’heure actuelle tout en exposant admirablement l’histoire de l’Australie et les tensions racistes qui ont forgé sa destinée.

Note de la rédaction -> 4/5 ★

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