Critique29. Januar 2019

«Si Beale Street pouvait parler» - Une romance poétique et engagée

«Si Beale Street pouvait parler» - Une romance poétique et engagée
© DCM

«Moonlight» avait créé l’événement en 2016. Après avoir séduit le public de Toronto, le deuxième film de Barry Jenkins avait brillé lors des cérémonies de récompenses avant d’obtenir l’Oscar du meilleur film au nez et à la barbe du grand favori : «La La Land». Cette année, «Si Beale Street pouvait parler» ne réitérera pas cet exploit puisqu’il n’est pas nommé au meilleur film. Pourtant, le long-métrage adapté du roman éponyme de James Baldwin est l’un des plus envoûtants de ce début d’année.

Dans le New York des années 70 à Harlem, Tish et Fonny, deux jeunes afro-américains, sont amoureux. Elle est enceinte et ils envisagent de se marier. Cependant, l’arrestation et l’emprisonnement injustifiés de Fonny vont bouleverser leur engagement et la famille de Tish va tout faire pour prouver son innocence.

Avec Moonlight, Barry Jenkins retraçait le parcours d’un jeune afro-américain gay de l’enfance à l’âge adulte dans un quartier difficile de Miami. Sa série en cours de production, The Underground Railroad, reviendra sur la condition de la population afro-américaine au temps de l’esclavage et Si Beale Street pouvait parler s’attarde, lui, en profondeur sur les injustices ségrégationnistes vécues par cette communauté dans le New-York des années 70.

Un amour d’une puissance folle ...

Ainsi, le long-métrage est un pamphlet politique acerbe de la société américaine et de sa justice arbitraire, voire tronquée. Cependant, porté par deux voix (celles de Tish et Fonny) qui fondent la narration, le film de Barry Jenkins est une œuvre à deux niveaux. Cette ségrégation et cette dénonciation, Barry Jenkins les inclut en effet au cœur d’une romance d’une élégance envoûtante. Un amour d’une puissance folle qui offrira des séquences intimes d’une grande beauté (cette première fois), des discussions terrassantes (le retour d’un ami, un parloir déprimant) et une mélancolie viscérale.

Si Beale Street pouvait parler (2018) © DCM

Le cinéaste charmait déjà grâce à ses gros plans dans Moonlight. Ici, il réussit encore à séduire et à enivrer lorsqu’il en use. Le récit avance alors au même rythme que la spiritualité des deux personnages principaux, et permet de retranscrire avec poésie leurs émotions et de les faire ressentir au plus profond des spectateurs.

Si Beale Street pouvait parler (2018) © DCM

Évidemment, en prenant allègrement son temps, le long-métrage subit quelques baisses de rythme non-négligeables. Cependant, les prestations des acteurs, de la fragile Kiki Layne (dont c’est le premier rôle au cinéma) à l’hypnotisant Stephan James, en passant par la déterminée Regina King, ainsi que la bande-originale de Nicholas Britell (déjà sur Moonlight) suffisent à rattraper les quelques stries de cette œuvre poignante et pleine d’espoir.

En bref !

Avec la vulnérabilité de ce couple, la beauté de son amour et l'injustice qui le scinde, Si Beale Street pouvait parler offre une romance délicate, spirituelle et engagée. Il y a parfois un faux rythme mais il permet de déployer de sublimes personnages bercés par une bande originale enivrante.

4/5 ★

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