Interview4. März 2018

Rencontre surnaturelle avec Eili Harboe - «Thelma»

Rencontre surnaturelle avec Eili Harboe - «Thelma»
© Outside The Box

Sélectionnée parmi les “European Shooting Stars” de la 68ème Berlinale pour sa performance dans le film «Thelma», la jeune actrice de 23 ans est l’une des étoiles montantes du cinéma norvégien. Réactions à chaud, nous l’avons rencontrée à Berlin le lendemain de la cérémonie.

© Berlinale 2018 - Eili Harboe (Norwegen) - European Shooting Stars

Eili Harboe: «Vous savez, il n’y a que 10 sélectionnés chaque année et même si vous êtes nominés dans votre pays, cela n’implique pas que vous ferez partie de la promotion berlinoise. J’étais tellement contente. C’est une opportunité incroyable pour une jeune actrice comme moi. J’ai pu rencontrer des directeurs de casting internationaux, quand j’y repense, ça a été sans doute la chose la plus importante. Et puis j'ai passé un moment génial avec tous les autres membres du groupe (rires)!»

Après un passage éclair à Hollywood avec le magnifique Back Home (avec Jesse Einseberg et Isabelle Huppert), le réalisateur Joachim Trier et son bras droit scénaristique Eskil Vogt reviennent avec Thelma au cinéma scandinave; une intrigue surnaturelle inspirée par les films de Brian De Palma ou encore David Cronenberg.

© Outside The Box

Thelma vient de quitter le cocon asphyxiant de ses dévots parents pour étudier dans une université d’Oslo. Elle y fera la troublante rencontre de Anja (Kaya Wilkins), elle aussi étudiante. Un peu fumeuses, musicales, vivantes et effervescentes, elles se lieront d’un “je t’aime moi non plus” venu d’ailleurs. L'idylle est complexe pour la jeune femme et elle deviendra la proie de crises épileptiques foudroyantes. Inavoué ou refoulé, le passé refait surface, Thelma retrouvera ses facultés surnaturelles et Joachim Trier compose une large fresque sur l’aliénation.

Eili Harboe: «Je suis tout à fait d’accord. Cette jeune fille vient d’une famille un peu réac, très conservatrice et tente de s’en libérer malgré le poids qu’elle a sur les épaules, comme si elle ne pouvait se défaire du passé. Le film parle de libération et d'émancipation. Une chose me plaisait d’ailleurs à la lecture du scénario c’était le portrait des parents. Bien que outrageusement conservateurs, il ne sont pas représentés comme le diable en personne. C’est plus compliqué et c’est ce qui rend la dimension religieuse aussi effrayante. Ce n’est pas non plus une critique de la foi personnelle, mais plutôt de comment la religion peut cimenter la pensée. Tous ces sujets sont intimement liés.»

© Outside The Box

Un thriller onirique, une romance au féminin; la chose est suffisamment rare au cinéma pour être mentionnée.

Eili Harboe: «Certains me demandent d’ailleurs s’il était important que Thelma tombe amoureuse d’une fille et évidemment que oui. (...) Disons que cette relation met en exergue la pensée conservatrice de sa famille.(...) Je n’ai pas imaginé que ça puisse devenir quelque chose de politique, c’était surtout un point essentiel du scénario à mettre en parallèle avec le carquois familial.»

Portée par une mise en scène naturaliste, cette romance est sans doute l’une des grandes élégances de «Thelma» qui se défend d’ailleurs de toutes prétentions militantes.

Eili Harboe: «Il est arrivé que des journalistes me demandent comment c’était d'interpréter un amour lesbien. Ça m’énerve prodigieusement... J’ai envie de leurs demander s’ils sont déjà tombés amoureux une fois dans leur vie. C’est une histoire d’amour avant tout, avec tout ce que ça engendre de passions conflictuelles.»

© Outside The Box

Cineman: « Et les cascades dans tout ça?»

Eili Harboe: «C’est drôle, la production voulait engager une cascadeuse pour ces scènes immergées. Mais j’ai dis non (rires). Je voulais apprendre à faire de la plongée. Bon, je ne suis pas allée plus loin que 2 mètres (rires). C’est pas tellement que j’avais peur, mais je me suis découverte un peu claustrophobe. Je l’ignorais mais être sous l’eau c’est quand même un monde à part.»

Un peu casse-cou, trublion surnaturel, et au-delà d’une finesse de jeu indéniable, le plus saisissant de sa performance reste sans doute les crises convulsives.

Eili Harboe: «Très honnêtement je ne savais pas bien ce que c’était avant de faire le film (rires). (...) Mais j’ai appris la technique et on peut même observer ces convulsions chez les animaux. Disons que c’est un réflexe que nous déclenchons pour ne pas revivre un traumatisme: On tremble. Chez certains anciens de la première et de la deuxième guerre mondiale on observe ce genre de troubles et notamment ce que l’on a appelé “l’obusite”, même si c’est encore un peu plus complexe que ça...»

© Outside The Box

Enfin, quand le surnaturel du film vient hanter les nuits de la jeune actrice ...

Eili Harboe: «J’ai eu un rêve étrange. Dans le film il y a une scène où Thelma retrouve Anja à l'extérieur de son immeuble, dans le noir, et elle est soudainement frappée par une crise d'épilepsie. Et bien j’ai eu cette scène en rêve mais au lieu d’y voir Anja, il y avait un homme absolument horrible, presque démoniaque. Alors j’essaye de m’enfuir et d’un coup je me retrouve enfermée dans mon propre appartement toujours en essayant de lui échapper et je me réveille d’un coup dans ma chambre d'hôtel, debout en train de partir. J’étais même devenue un peu somnambule!»

La bande-annonce

Dans les salles romandes à partir du 7 Mars

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