Critique17. Januar 2023

«Que les lumières soient!» : L'extraordinaire existence de François-Henri Lavanchy-Clarke

«Que les lumières soient!» : L'extraordinaire existence de François-Henri Lavanchy-Clarke
© Praesens Film

Homme d’affaires, philanthrope et artiste, François-Henri Lavanchy-Clarke avait été le premier à amener le cinéma en Suisse en 1896. À la lumière d’une récente redécouverte, une enquête minutieuse revient sur son rôle de précurseur aux mille et une vies.

(Un article de Laurine Chiarini)

Le documentaire de l’historien du cinéma Hansmartin Siegrist revient sur la vie passionnante de François-Henri Lavanchy-Clarke, homme d’affaires visionnaire et pionnier du cinéma en Suisse à l’histoire depuis longtemps oubliée. Un documentaire qui nous entraîne entre volutes de la Belle Époque et horreurs de la Grande Guerre.

Doté d’un énergique talent de visionnaire, Lavanchy-Clarke était un entrepreneur prometteur. Publicitaire aux méthodes de marketing agressif tous azimuts, humanitaire ayant travaillé en Égypte et œuvré pour l’inclusion sociale et professionnelle des aveugles, il est presque étonnant que son nom ait été pendant si longtemps oublié. Faire découvrir son singulier parcours au spectateur n’est pas le seul intérêt du film. Les recherches entreprises par l’historien du cinéma et réalisateur Hansmartin Siegrist, puis la découverte presque fortuite de 50 films dans l’un des entrepôts du Centre national du cinéma et de l'image animée près de Versailles, montrent à quel point le cours de l’histoire du cinéma peut parfois ne tenir qu’à un fil.

© Praesens Film

Les images n’avaient pas été perdues : indexées, puis rangées, elles n’avaient pas été identifiées, les condamnant presque à l’oubli. Il fallait l’œil d’un spectateur suisse pour reconnaître le pont sur le Rhin à Bâle, lieu de tournage d’un film tourné par Lavanchy-Clarke en 1896, alors partenaire de Lumière. La technologie moderne a permis de lever le voile sur ce qui semble a priori n’être qu’un banal passage de la foule citadine un mercredi. Figurants motivés, scènes tournées plusieurs fois et pluie venant contrarier le programme montrent que rien n’était laissé au hasard. Lavanchy-Clarke aimait jouer les guides ; ses films sont un vrai tour de Suisse, mais sa caméra se promenait partout. Avant le premier festival de Cannes, prévu à l’origine en 1939, le cinéma y avait déjà élu droit de cité avec les films qu’il avait tournés dans sa villa cannoise entre 1898 et 1904.

Au tournant entre Belle Epoque et modernité, la vie du dynamique Helvète se suit comme une succession de formidables aventures autour du globe. On y croise Ferdinand Hodler, peintre suisse dont les toiles se négocient aujourd’hui pour plusieurs millions. Ô surprise : lors de l’exposition nationale suisse de 1896, à Genève, le peintre, que l’on aperçoit dans l’un des films du cinéaste, faisait preuve d’un sens aigu du marketing pour se faire connaître. Même chose pour Lavanchy-Clarke, distributeur et ardent promoteur des savons Sunlight crées par William Lever, des Lever Brothers, marque ensuite devenue Unilever. Homme d’affaires aux facettes à la fois artistique et opportuniste, ses films étaient autant d’occasion de promouvoir la marque, mettant en perspective une notion de documentaire en réalité parfaitement orchestré.

4,5/5 ★

Plus d'informations sur «Que les lumières soient!»

Le 18 janvier au cinéma.

Bande-annonce

La rédaction vous recommande aussi:

Cet article vous a plu ?


Commentaires 0

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement