Critique14. September 2021

«Pourris gâtés» - Les enfants, au travail !

«Pourris gâtés» - Les enfants, au travail !

Présenté au Festival international du film de l’Alpe d'Huez 2021, «Pourris gâtés» est le tout nouveau long-métrage du cinéaste Nicolas Cuche. Libre adaptation du succès mexicain «Nosotros los Nobles» de Garry “Gaz” Alazraki, cette comédie à la française, simple à regarder, ne restera pas gravée dans les mémoires du cinéma.

Homme d’affaires occupé, Francis Bartek (Gérard Jugnot) n’en peut plus du comportement de ses trois enfants : Stella (Camille Lou), petite princesse capricieuse, Philippe (Artus), fêtard pistonné et Alexandre (Louka Meliava) étudiant raté pseudo anticapitaliste. Feignant un détournement de fonds, il les emmène se réfugier à Marseille, dans la maison de son enfance. Pour la première fois de leurs vies, les trois jeunes adultes vont devoir travailler.

Qu’il est agréable de se perdre dans les paysages du sud. Si le potentiel urbain marseillais et monégasque n’est pas pleinement utilisé, la maison familiale, perdue dans un cadre typiquement provençal, embaume la lavande et le romarin. Tel Rousseau, un retour à la nature nous paraît soudain urgent, séduits par le chant des cigales et le soleil du midi. C’est dans ce cadre idyllique, entouré de collines, qu’évoluent les personnages.

Comédie autoproclamée, le métrage n’engendre, pour autant, qu’un nombre limité de rires.– Maxime Maynard

Nos comédiens prennent un plaisir évident à se glisser dans la peau de ces caricatures. Les échanges sont rapides et fluides, l’alchimie naturelle qui émane de leurs relations fonctionne à merveille. Nous finissons par nous attacher à cette galerie de personnages grotesques et ridicules. Dans le rôle de Stella, Camille Lou domine la distribution. Son charisme expédie Artus et Louka Meliava, ses frères à l’écran, en arrière-plan. Gérard Jugnot nous offre une performance discrète, légèrement en retrait. Elle n’entre que peu dans le registre de la comédie, pour briller dans des scènes plus dramatiques. Mais leur talent ne réussit pas à sauver le film.

C’est dans un style documentaire, bercé par la voix hors champ de Stéphane Bern, que s’ouvre le long métrage. Cette introduction, bien loin d’être extraordinaire, n’en reste pas moins distrayante. Nous l’observons avec amusement, le cœur rempli d’espoir pour la suite. Mais ce début prometteur laisse rapidement place à une évidence : le nouveau film de Nicolas Cuche n’est en rien original. Manquant cruellement d’innovation, l’histoire ne finit par être qu’une suite prévisible d’éléments d’un vide abyssal.

Mais leur talent ne réussit pas à sauver le film.– Maxime Maynard

Comédie autoproclamée, le métrage n’engendre, pour autant, qu’un nombre limité de rires. Moments les plus humoristiques du film, les disputes fraternelles réussissent, par leurs rythmes et leurs naturels, à nous arracher quelques sourires ; et nous les donnons volontiers, sous peine de voir nos zygomatiques s’atrophier dans l’attente de nouvelles opportunités. Car oui, les plaisanteries sont bien présentes, mais seraient, pour certaines, plus appropriées dans un paysage audiovisuel antérieur, deux ou trois décennies passées. Le cœur y est, mais ne suffit malheureusement pas à donner un souffle de vie à une comédie familiale plate en manque d’individualité.

Loin d’être un désastre, «Pourris gâtés» ne remplit pourtant pas nos attentes. Se voulant clairement du genre “feel-good movie”, il rate le coche et nous offre un résultat fade et sans surprise. Mais, si le film n’est pas une réussite, nous pouvons toujours nous laisser porter par les performances de sa distribution et les parfums provençaux, brillant sur cette fin d’été d’une lumière chaleureuse.

2,5/5 ★

Le 15 septembre au cinéma. Plus d'informations sur «Pourris gâtés».

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