Critique1. April 2021

Netflix: «Le Serpent» - Tahar Rahim, impressionnant, dans la peau de Charles Sobhraj

Netflix: «Le Serpent» - Tahar Rahim, impressionnant, dans la peau de Charles Sobhraj
© Netflix

Diffusée en janvier sur la BBC, «Le Serpent» arrive maintenant sur Netflix. Du «bikini killer» en passant par le «cobra» pour enfin devenir «Le Serpent», Charles Sobhraj est parfaitement campé par Tahar Rahim (nommé aux Golden Globes) sous les traits d’un tueur en série à la méthode froide et sadique.

Charles Sobhraj (Tahar Rahim) mérite bien son surnom: manipulation et empoisonnement pour arriver à ses fins. «Le serpent», lui qui se faisait passer pour un négociant en pierres précieuses, et sa compagne Marie-Andrée Leclerc, alias Monique (Jenna Coleman) ont tué de nombreux touristes sur le chemin du «Hippie Trail» asiatique. De 1975 à 1976, les meurtres s’accumulent et le tueur en série attire l’attention du diplomate hollandais Herman Knippenberg (Billy Howle), lancé à ses trousses pour le coincer après la disparition d’un couple de ressortissants hollandais.

En novembre 75 à Bangkok, à la «Kanith House» l’appartement qui fait office de quartier général pour Sobhraj, la dégaine et le regard perçant de Tahar Rahim donnent le ton: l’ambiance cool et glamour des seventies se juxtapose au regard glacial de l’acteur français. Une bombe à retardement, un fin tacticien prêt à vous empoisonner la vie, aux apparences amicales, mais s’avérant infiniment venimeuses. Le premier épisode est à combustion lente, comme le second, avant que le 3e n’amène une nouvelle épaisseur dramatique - le personnage de Dominique (Fabien Frankel) cadre cette peur toujours plus forte et la terreur que fait régner Charles dans son antre festif, avant que Nadine Gires (Mathilde Warnier) ne devienne un second piston dans le récit.

La performance XXL de Tahar Rahim...– Sven Papaux

«Le Serpent» est ce lent processus de départ: une série qui vous amadoue avant de cracher son venin. La trame est judicieuse. Richard Warlow et Toby Finlay optent pour cette attention portée à chacun des personnages qui gravitent autour du meurtrier. Des sauts temporels incessants, des analepses qui s’intègrent à merveille dans le récit pour le densifier et produire une architecture solide, parfois clinique tant elle s’imbrique à merveille dans la structure narrative. Mais la grande satisfaction de la série découpée en 8 épisodes, nous vient assurément de la performance XXL de Tahar Rahim.

Netflix: «Le Serpent» - Tahar Rahim, impressionnant, dans la peau de Charles Sobhraj
Tahar Rahim dans «Le Serpent» © Netflix

Étrennant cette allure sibylline, sécrétant son venin méthodiquement, l’acteur français excelle et fend la chaleur humide et les effluves d’alcool, la fumée des cigarettes pour briller de mille feux. Un rôle en forme de mise en abyme - un rôle dans le rôle, puisque Charles devient Alain Gonthier - pour dessiner un homme impavide, dégoûté par les bourgeois qu’il exècre profondément. Pour se venger, ce sont des avanies qu’il va infliger à de pauvres gens, de jeunes touristes pour assouvir sa soif de manipulation. Pour la petite histoire, dans une biographie publiée en 1979, Sobhraj a dit : «tant que je peux parler aux gens, je peux les manipuler.» Cette simple citation nous démontre le caractère sadique de l’homme.

«tant que je peux parler aux gens, je peux les manipuler.»– Charles Sobhraj en 1979

Une ode à la manipulation fonctionnant tel un serpent à 2 têtes: sa «partner in crime», la chère Marie-Andrée Leclerc s’effondre derrière le personnage de Monique. Une ficelle intéressante du récit, surtout quand Marie-Andrée perd pied, consciente de sentir le gouffre de la justice se rapprocher: «Marie-Andrée hurle, Monique reste muette.» déplore la Québécoise. Sa propre femme est elle-même manipulée. Sobhraj, tel qu’il est présenté, cherche à créer à l’instar d’un Charles Manson une famille autour de lui.

Netflix: «Le Serpent» - Tahar Rahim, impressionnant, dans la peau de Charles Sobhraj
Jenna Colema et Tahar Rahim dans «Le Serpent» © Netflix

«Le Serpent» est une bonne série, elle sert tous les ingrédients nécessaires pour nous maintenir dans une histoire rondement menée. Mais un petit détail chiffonne: le manque de tension, qu’on perçoit grâce à quelques bribes éparses. Le personnage de Dominique injecte cette tension, mais l’atmosphère aurait mérité un poil plus de tragédie. Mais qu’importe, la simple performance de Tahar Rahim, glaciale et impressionnante, gomme les petits défauts.

4/5 ★

«Le Serpent» est à découvrir dès maintenant sur Netflix.

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