Critique10. August 2020

Netflix - La saison 3 de «The Rain» - Final en apothéose?

Netflix - La saison 3 de «The Rain» - Final en apothéose?
© Netflix

«The Rain» avait marqué une bonne partie des abonnés Netflix, en 2018. Une première saison aboutie et parfaitement cadencée. Simone en protectrice de l’enfant prodigue: Rasmus. Après une seconde saison laborieuse, la troisième saison sera l’ultime baroud. Verdict?

Enfermé durant 6 longues années dans un bunker, Simone (Alba August) et Rasmus (Lucas Lynggaard Tønnesen) avaient échappé au chaos extérieur: une pluie tueuse et propagatrice d’un virus mortel. En sortant de leur antre, c’est le nouveau monde, le «vieux monde» se meurt sous les torrents d’eau. Derrière cette grande guerre bactériologique, la société Apollon, qui employait le père de nos deux héros. C’est ce même paternel qui avait infecté son propre fils pour l’ériger en grand sauveur de l’humanité.

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Et cette troisième et ultime saison aura comme grande qualité de nous «consoler» d’une seconde saison bien barbante, s’étirant jusqu’à nous provoquer un ballet de soupirs et de bâillements. Démarrée en 2018, la série danoise post-apocalyptique s’est montrée inspirée et solide. Jannik Tai Mosholt, Christian Potalivo et Esben Toft Jacobsen pensent un Danemark comme une immense zone de quarantaine, acculée par un virus incontrôlable. S’engage une aventure emprunte de courage, d’amour, même de sensibilisation environnementale. L’alliage sonnait juste, articulé autour d’une relation si complexe entre une grande sœur et un frère réglé comme une bombe à retardement.

«Le monde continue d’évoluer dans les recoins d’une civilisation proche de l’implosion...»– Sven Papaux

Rasmus, à la fin de la saison 2, croisait le chemin de Sten (Johannes Kuhnke), la pièce maîtresse derrière Apollon. Les désormais deux personnages axiaux sont réunis - pour le pire. Une fois manipulé et transformé en rat de laboratoire, Rasmus se posera comme le grand sauveur, le créateur du «nouveau monde». Séparée de son petit frère, Simone persévère pour aller au-delà du fameux «Mur» et percer ce point aveugle pour étreindre cette clarté, cette lumière: sortir de la zone sinistrée. Pendant qu’Apollon fait son commerce des morts, que Sten s’érige en être intouchable, en Dieu tout puissant, le monde continue d’évoluer dans les recoins d’une civilisation proche de l’implosion.

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L’intrigue se resserre et vise de bons enjeux dans cette saison 3. L’un d’eux, et peut-être le plus brillant, est cette faiblesse intérieure qui n’a de cesse d’évoluer pour symboliser la véritable nature - en sous-couche - du récit. Rasmus illustre cette fragilité, s’affranchissant de l’autorité de sa sœur. Lucas Lynggaard Tønnesen adopte la même trajectoire que son personnage, lui conférant plus de relief, plus d’assurance. La mue est d’autant plus réussie en comparaison à sa performance boiteuse dans la saison précédente.

«La Nature prendra toujours le dessus sur l’Homme...»– Sven Papaux

C’est surtout le récit qui procède à une mutation plus convaincante, se servant de la fragilité de l’Homme pour se débarrasser des différentes histoires - ou romances - pour exprimer le sens premier de ce virus et répondre à l’équation: pourquoi décimer les siens? À travers la peur du néant, la peur de mourir, «The Rain» dégraisse son scénario et inspire la noirceur d’un virus concocté par l’Homme, fossoyeur des siens et (prétentieux) créateur de sa propre évolution; draguer la mort pour revenir plus fort. Une histoire qui évoque quelque chose de fondamentale: la Nature prendra toujours le dessus sur l’Homme, malgré ses inlassables tentatives.

3,5/5 ★

Disponible sur Netflix depuis le 7 aôut.

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