Critique16. Mai 2021

Netflix: «Halston» - Roy Halston drapé de son habit le plus destructeur

Netflix: «Halston» - Roy Halston drapé de son habit le plus destructeur
© ATSUSHI NISHIJIMA/NETFLIX

Le Club 54, le fric, la mode, les spectacles électriques de Liza Minnelli et les addictions à la drogue, la mini-série «Halston» est un condensé aussi grisant qu’autodestructeur de ce que fut la vie du célèbre créateur de mode Roy Halston. Ewan McGregor est brillant dans cette nouvelle production Netflix.

Le génie ou la folie, Roy Halston (Ewan McGregor) illustre à merveille cette ambivalence. Le créateur est un talent artistique, mais un piètre entrepreneur. Son existence est aussi fulgurante que débridée. Une existence faite de folies, de soirées mondaines et de coucheries. Ce nom peut-être inconnu ici, en Europe, est une légende outre-Atlantique, donnant une nouvelle dimension à la mode américaine dans les années 60 et s’étalant jusqu’au début 90. Lui qui a rendu la robe dos nu chic se sabotait perpétuellement, masquant une enfance complexe dans l’Indiana.

Son côté cassant, sa manière de «vomir» son snobisme pour assoir cette supériorité teintée de fragilité, Roy Halston se cachait derrière son talent d’artiste pour le faire avaler aux autres; il adorait le crier sur tous les toits, faire hurler son nom, sa destinée dorée. Né en 1932 et chapelier de formation, sa notoriété a pris l’ascenseur le jour où Jackie Kennedy arbore ses couvre-chefs. «Gloire à Jackie Kennedy» dit-il. Mais ce n’est que le début d’un long chemin vers la gloire et les tourments. Imposer sa griffe, mépriser ses concurrents: Calvin Klein, Óscar de la Renta ou encore Stephen Burrows ne sont que des bouffons pour le grand Halston. Balenciaga ou Dior trouvent grâce aux yeux du terrible créateur. Sa personnalité explosive va s’associer à un riche investisseur, joué par Bill Pullman, et lui permettre de s’élever dans le monde des affaires. L’empire Halston est lancé, perché dans l’Olympic Tower dont les bureaux sont tapissés de rouge.

Ewan McGregor, peut-être dans l’un de ses plus grands rôles...– Sven Papaux

La marque grimpe, se bâtit un nom, devient même une légende. Pour l’homme, ce sont les folles soirées et la drogue à foison qui commencent, tout en jouissant d’une homosexualité décomplexée et d’un appétit sexuel débordant. Mais «Halston» n’est ni la simple description d’une personnalité fantasque ni la vulgaire esquisse du frivole, mais bien un portrait solidement confectionné pour disséquer les différents pans de la vie d’Halston: la marque et l’homme. Sa relation avec Liza Minnelli, interprétée par l’excellente Krysta Rodriguez, est un facteur important pour cerner la peur de l’abandon du gamin de l’Indiana.

Netflix: «Halston» - Roy Halston drapé de son habit le plus destructeur
Ewan McGregor dans la peau du créateur Roy Halston. © Netflix

Ryan Murphy et Ian Brennan, en adaptant le bouquin de Steven Gaines, retracent intelligemment l’ascension et la descente aux enfers d’un personnage au talent éclatant, mais au tempérament souvent ignoble. Un caractère brûlant et diablement bien incarné par Ewan McGregor, peut-être dans l’un de ses plus grands rôles, épatant parfois; le regard bleu et vide, il fait montre d’une profondeur pour imposer sa loi dans le costume. Simplement sublime quand il tombe le masque dans une séquence - avec Vera Farmiga -, retraversant son enfance par le biais d’odeurs de différents parfums. L’acteur écossais est d’une justesse sans égale.

4/5 ★

«Halston» est à découvrir dès maintenant sur Netflix.

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