Critique1. November 2021

«Les Olympiades» - Les amours laborieux

«Les Olympiades» - Les amours laborieux
© Filmcoopi Zürich AG

Dans le 13ème arrondissement, c’est là que Jacques Audiard pose sa caméra pour filmer de jeunes gens qui se cherchent dans cette jungle urbaine. Présenté en compétition cannoise, «Les Olympiades» s’aventure dans les tréfonds d’une jeunesse, en noir et blanc, pour déballer une épopée générationnelle.

Trois filles et un garçon dans l’équation et ces grandes barres d’immeubles du quartier des Olympiades à Paris. Emilie (Lucie Zhang) rencontre Camille (Makita Samba) qui est attirée par Nora (Noémie Merlant) qui elle-même croise le chemin d’Amber (Jehnny Beth). Parfois amis, parfois amants, souvent les deux. Et quand l’amour s’emmêle, tout change...

L’amour est si difficile à trouver, à embrasser. Ce nouveau film de Jacques Audiard a une saveur de génération déboussolée, de grand vide existentiel et sentimental. Une nouvelle époque qui peut être indigeste et vous causer tourments et inconforts. Dans «Les Olympiades», ce sont trois histoires de cœur où le sexe est une valeur cardinale pour éprouver un plaisir que les mots ne peuvent assumer. L’idée est tendre, la réalisation est soignée, mais l’écriture n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur du projet. Le véritable problème se niche dans ces innombrables scènes charnelles, freinant considérablement cette ode générationnelle. Ce scénario écrit à six mains, où nous retrouvons Céline Sciamma et Léa Mysius en plus de Jacques Audiard, épouse cette quotidienne course d’obstacles, sans pour autant électriser le caractère de ses personnages.

Une rom-com contemporaine qui tourne autour d’un vide à remplir...– Sven Papaux

Ces mêmes personnages, que l’on sent désemparés, aux prises avec une époque folle et hypocrite, ne parviennent jamais à faire bouillir l’essence romantique. Il ne suffit pas de cette sublime photographie en noir et blanc - par Paul Guilhaume - pour effacer cette copie raturée et effondrée sous le prisme du polyamour. Une rom-com contemporaine qui tourne autour d’un vide à remplir, à exorciser par l’acte physique. De la frustration comblée par le sexe, et encore le sexe : vertu théologale d’une jeunesse désenchantée. Tout ça en devient lassant, mais Audiard possède cette verve pour parfois s’extirper des travers grâce à une mise en scène imparable, surtout grâce à sa direction d’acteur.

«Les Olympiades» - Les amours laborieux
Lumina Wang et Makita Samba © Filmcoopi Zürich AG

La solitude et l’orientation sexuelle, la jalousie et les coups bas ; « Les Olympiades », adapté de cinq récits courts de Adrian Tomine, bédéiste américain et illustrateur star du New Yorker, ne convoque pas la sensibilité ou la précision nécessaire pour cette odyssée des corps et du cœur. La tendresse, un peu artificielle, nous perd, ne nous offre pas ce vertige solitaire et amoureux. Outre la belle photo, dans la catégorie bonne surprise, citons l’actrice Lucie Zhang, fraîchement débarquée, intense et juste dans le rôle d’Emilie. La vraie révélation d'un film plongé dans la mélancolie, qui s’étire pour enfin flirter avec l’ennui.

3/5 ★

Le 3 novembre au cinéma. Plus d'informations sur «Les Olympiades».

Cet article vous a plu ?


Commentaires 0

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement