Interview11. April 2023

François Damiens sur «Les Complices» : «Ce qui me fait rire, c’est ce qui n’est pas drôle»

François Damiens sur «Les Complices» : «Ce qui me fait rire, c’est ce qui n’est pas drôle»
© Pathé Films AG

Le comédien belge était au Festival de comédies de l’Alpe d’Huez en janvier dernier pour présenter «Les Complices», un film dans lequel il joue un tueur à gages qui s’évanouit à la vue du sang. Nous l’avons rencontré un samedi matin, trois jours après son 50e anniversaire. L’occasion de causer humour et caméras cachées avec lui, mais aussi de confiance, de craintes et même du GR20.

(Marine Guillain, Alpe d’Huez)

Cineman: Qu'est-ce qui vous fait rire?

François Damiens: Étrangement, c'est ce qui n'est pas marrant. Je n'aime pas la recherche de l'effet comique, j'aime bien les accidents. Quand on essaie de faire rire, c'est la pire des recettes. J'aime rire quand le moment ne s'y prête pas. Je déteste les blagues, je ne sais pas les raconter, ni les écouter.

Et qu’est-ce qui vous fait rire dans «Les Complices»?

FD: J'aime sa subtilité. C'est une comédie snobe. Je ne suis pas snob évidemment. L’idée de prendre un tueur à gages et de le rendre tellement humain qu’on a envie de le prendre dans les bras à la fin du film, j'adore. Et puis, même si ça peut paraître niais, pour moi, la gentillesse est la plus belle des qualités. Avec l’équipe, on a passé sept semaines à Montpellier et on était ensemble tous les soirs pour manger et rigoler. C'est la tristesse quand un tel tournage se termine, car ça n'arrive pas souvent d'avoir de tels partenaires. On était admiratifs les uns les autres.

Vous connaissez l'humour suisse?

FD: J'ai tourné des caméras cachées en Suisse. À la fin, les gens me demandaient ce qu’il y avait de marrant et où était la blague: c'est l'humour que je préfère! C'est quelque chose d’impalpable et pour faire rire, il ne faut avoir aucun amour-propre et ne pas avoir peur de se planter. Mes enfants me disent toujours que je ne suis pas marrant.

François Damiens sur «Les Complices» : «Ce qui me fait rire, c’est ce qui n’est pas drôle»
François Damiens dans «Les complices», à partir du 12 avril au cinéma © Pathé Films AG

À propos des caméras cachées, que devient François l'Embrouille?

FD: Je ne l'ai plus vu depuis 2013, je l'ai quitté à Bastia, en Corse. Je vais aller le rechercher justement, je ne sais pas ce qu'il va donner aujourd'hui! J'ai 50 ans, la dernière fois que j'ai fait des caméras cachées, j'en avais 40... La chance, c'est que mes enfants sont sortis de l'école et que je n'ai pas besoin d’aller aux réunions de parents d'élèves, c'est ça qui m'angoissait. À chaque blague de mes caméras cachées, je me disais «Mais quelle crédibilité puis-je encore avoir à une réunion avec des professeurs?» (il s'esclaffe.)

J'ai l'impression que maintenant, il faut faire attention à tout ce qu'on dit, mais en même temps, je pense que non. Si ce n'est pas méchant... en tout cas, je ne vais pas retourner faire des caméras cachées au frein à main, ça ne m'intéresse pas, je n'aime pas être cadenassé. Si j'y vais, c'est pour lâcher la bête, sinon ça n'a aucun intérêt.

Vous jouez souvent des personnages pathétiques ou gaffeurs.. qu'est-ce qui est grisant dans ce genre d’interprétations?

FD: J'aime me mettre en danger et faire une confiance totale à la personne qui me dirige. Ça peut faire pantin d'être acteur et d'être au service de quelqu'un, mais c'est très agréable quand la personne vous emmène vers une destination que vous ignoriez. Un jour, sur le plateau des «Complices», je ne me sentais pas bien dans la prise, et j'ai dit «Coupez!» Cécilia m'a dit «Ce n’est pas à toi de dire coupez».

Ça m'a vexé super fort, car je me connais à fond et je sentais que je n'étais pas dedans. Le soir, je lui ai avoué qu’elle m’avait fait mal. Elle s'est excusée, moi aussi… Il y avait un profond respect. Il n’y a rien de pire que de bosser avec quelqu'un que vous ne respectez pas. Une grande part du boulot d'acteur consiste à sélectionner les gens avec qui on va bosser.

François Damiens sur «Les Complices» : «Ce qui me fait rire, c’est ce qui n’est pas drôle»
François Damiens , William Lebghil et Laura Felpin © Pathé Films AG

Cette année, on devrait encore vous voir dans «Le procès du chien» de Laetitia Dosch, «La graine» d’Eloïse Lang, «Sous le vent des marquises» de Pierre Godeau, «Un champs de fraises pour l'éternité» d’Alain Raoust, vous êtes aussi à l’affiche de la saison 3 de «LOL: qui rit, sort!» sur Prime Video et dans la deuxième saison des «Amateurs» sur Disney+… Je n’ai rien oublié?

FD: J'ai fait une belle année comptable! J'ai pas mal tourné, c’est vrai. Pour être complètement honnête, pendant le Covid, j'ai eu un peu peur que le cinéma s'arrête, donc j'ai dit oui à tout. Finalement, je suis content de ces quatre films qui vont sortir. Ce n'est pas toujours le cas. Il y a des films où j'ai senti que j'étais à côté de la plaque et je n'ai jamais voulu les regarder ensuite.

Avez-vous d’autres projets et souhaiteriez-vous réaliser à nouveau?

FD: J'ai envie de refaire des caméras cachées, et j'ai commencé à écrire un film, que j'aimerais réaliser. Et puis j'ai envie d'aller marcher. Dans les montagnes.

Dans les montagnes suisses?

FD: J'ai fait le Jura, mais j'aimerais bien faire le GR20. Ah vous l’avez fait? C'est 15 jours hein? J'aimerais presque le faire en trois semaines, pour y aller doucement. Trouver un bon guide, un mec avec qui tu peux causer... Sans guide? Je ne sais pas, j'ai peur de me perdre…

Plus d'informations sur «Les Complices»

Au cinéma à partir du 12 avril.

Bande-annonce de «Les Complices»

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