Critique9. November 2021

«Cry Macho» - Un western bien terne

«Cry Macho» - Un western bien terne
© Warner Bros.Entertainment Switzerland GmbH

Un western moderne, dans les années 80, avec Clint Eastwood devant et derrière la caméra. Derrière cette aventure hors des frontières américaines, « Cry Macho » dévoile une méditation personnelle faiblarde sur la masculinité.

Mike (Clint Eastwood) est une star déchue du rodéo. Des années de galère et d’alcoolisme n’ont pas aidé le cowboy texan. Mais pour payer une « dette » à son employeur de toujours, il accepte une mission qui paraît impossible : se rendre au Mexique pour ramener son fils au Texas, lui qui est presque prisonnier de sa mère irresponsable. Une aventure semée d’embuches, à slalomer entre la pègre et la police corrompue.

91 ans au compteur, 39e film avec la casquette de réalisateur, et Clint Eastwood continue de jouer la comédie. Acteur et réalisateur de « Cry Macho », l’ancien Inspecteur Harry revient après l’excellent « Richard Jewell ». Tourné pendant la pandémie, et malgré le respect que peut inspirer la carrière du cinéaste, cette nouvelle œuvre convoque un reploiement du talent d’Eastwood. En effet, le rôle du bourru solitaire au cœur d’or qu’il affectionne tant, semble quelque peu éculé et c’est précisément le rôle de son personnage Mike : cowboy chagriné, endeuillé, étrenné sur ces routes poussiéreuses.

Superficiel et sans la moindre tension...– Sven Papaux

Du Texas au Mexique, une aventure qui dessine un road-movie terne, avant de glisser sur la comédie romantique et dégoulinante de sentimentalisme. Alors oui, il y a un savoir-faire épuré. Mais il est rare, pour Clint Eastwood, de relever aussi peu d’inspiration. Il est également rare de voir une expression aussi faiblarde de la futilité du machisme pour un cinéaste de la trempe de la légende américaine. Le pire est peut-être cette méditation douteuse sur la masculinité et de son personnage cinématographique - voyez l’icône Eastwood pour les cinéphiles. Pour le public, Eastwood représentait le cowboy par excellence et la masculinité.

« Cry Macho » - Un western bien terne
Eduardo Minett, Natalia Traven et Clint Eastwood © Warner Bros.Entertainment Switzerland GmbH

Dans « Cry Macho », remballer les armes, Eastwood fait son examen de conscience. Mike Milo, cette grande star du rodéo transpirante de virilité, s’offre une promenade rétrospective et introspective. Il lui faut sortir des frontières - physiques et psychiques -, pour se lancer dans une quête dangereuse. Le film ne fera qu’appuyer les ressentis d’un vieillard à bout de souffle. « Cry Macho » est superficiel et sans la moindre tension. Rappelons juste que Mike et le jeune adolescent Rafael (Eduardo Minett, pas du tout à son affaire) sont coursés par un spadassin inepte.

Un reploiement du talent d’Eastwood...– Sven Papaux

Le scénario de Nick Schenk, adapté du bouquin de N. Richard Nash, place un homme frêle, faible, qui n’a plus la vista d’antan. La scène du jukebox provoque la rupture totale entre l’histoire et le spectateur. En découle une scène où Eastwood s’affale (presque) sur Natalia Traven - dans la peau de Marta, une veuve tombée amoureuse du cowboy -, supportant l’âge (trop) avancé de l’acteur. Une image gênante pour le cinéaste américain. On sauvera le coq surnommé « Macho », seule lueur dans ce western moderne raté et pantouflard. Le compte est bon.

2/5 ★

Le 10 novembre au cinéma. Plus d'informations sur «Cry Macho».

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