Critique13. Mai 2022

«Compétition Officielle» - Une rivalité salutaire

«Compétition Officielle» - Une rivalité salutaire
© Pathé Films AG

La réalisatrice la plus en vogue d’Espagne doit mettre en scène un film avec Iván et Félix, deux des acteurs les plus populaires du pays. Le seul problème : ils ne se supportent pas. Avec «Compétition Officielle», Mariano Cohn et Gastón Duprat offrent une comédie captivante qui se moque ouvertement du monde du cinéma.

«Compétition Officielle» - Une rivalité salutaire
Oscar Martínez, Penélope Cruz et Antonio Banderas dans «Compétition Officielle» © Pathé Films AG

(Un texte de Teresa Vena librement adapté de allemand par Damien Brodard.)

Avez-vous déjà songé à créer une œuvre pour laquelle on se souviendra de vous ? C’est bien l’objectif de Humberto Suárez (José Luis Gómez), riche propriétaire d’une entreprise pharmaceutique. Et pour son 80e anniversaire, il décide de produire un film. Pour cela, il s’assure les droits du roman le plus vendu d’un lauréat du prix Nobel et engage Lola Cuevas (Penélope Cruz), réalisatrice en vogue. Celle-ci sollicite alors Félix Rivero (Antonio Banderas), icône du cinéma et de la télévision, et Iván Torres (Oscar Martínez), acteur de théâtre. Les deux hommes se connaissent, mais n’ont encore jamais travaillé ensemble. D’ailleurs, ils ne s’apprécient pas et pensent, tout naturellement, être meilleur que l’autre. Pour leurs rôles de frères ennemis, cette rivalité est une aubaine. Malgré les tensions, Cuevas prend alors des mesures originales pour que les deux stars apprennent à se connaître et à se comprendre avant le tournage.

Mariano Cohn et Gastón Duprat offrent une comédie captivante qui se moque ouvertement du monde du cinéma.– Teresa Vena

Même le bâtiment dans lequel ils se retrouvent tous les trois pour les répétitions est rendu artificiel par son luxe et sa taille imposante – murs en marbre vert, meubles en bois précieux, terrasses spacieuses. La vacuité exorbitante du lieu correspond à la superficialité des personnages et de ce qu’ils mettent en scène. «Compétition Officielle» prend la forme d’un Kammerspiel – une pièce de théâtre intimiste – composé de manière dense, mais précise et par moment claustrophobique, représentation de la bulle égocentrique entourant l’industrie cinématographique, si éloignée du monde réel.

Les arts plastiques dans «L’Artiste» (2009) ; l'architecture dans «L’homme d’à côté» (2010) ; la littérature dans «Citoyen d’honneur» (2017) : Cohn et Duprat auront abordé le processus créatif dans tous leurs longs métrages, chefs-d’œuvre d’humour noir et pince-sans-rire. Et si «Compétition Officielle» continue dans cette lignée, il se distingue par son côté survolté, collision d’un trio de personnages principaux plus excentriques les uns que les autres, interprétés par des acteurs dont le charisme n’est plus à prouver.

4/5 ★

Depuis le 11 mai au cinéma

Plus d'informations sur «Compétititon Officielle».

Bande-annonce

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