Critique26. Mai 2023

Cannes 2023 : «Le Théorème de Marguerite», Anne Novion et le théorème du pathétique

Cannes 2023 : «Le Théorème de Marguerite», Anne Novion et le théorème du pathétique
© TS Production (Photographe : Michaël Crotto)

Présenté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes, «Le Théorème de Marguerite» est un film empêché. Le final, tourné à l’Université de Lausanne, fait certes sourire, mais c’est au fond bien peu de choses devant cette réalisation «clicheteuse», à l’écriture maladroite.

(Une critique de Kevin Pereira, depuis Cannes)

Brillante étudiante, Marguerite (Ella Rumpf) termine sa thèse en Mathématiques au sein de la prestigieuse ENS où elle est dirigée par le Professeur Werner (Jean-Pierre Darroussin), un pionnier dans son domaine. Le jour où l’étudiante doit présenter les fondements de sa recherche, une remarque de Lucas (Julien Frison), le nouvel assistant de Werner fraîchement débarqué d’Oxford, l’oblige à remettre en cause plusieurs années de travail. La jeune femme décide alors de tout quitter pour recommencer une nouvelle vie.

Qu’on le dise sans ambages : de ce «Le Théorème de Marguerite», peu, pour ne pas dire rien, ne mérite vraiment d’être épargné par le geste critique. À commencer par une caractérisation assurément trop chargée en stéréotypes pour que l’ensemble des personnages ne puisse exister par-delà du type ou du pur cliché. Marguerite, par exemple, apparaît comme la caricature du modèle « personnage premier de la classe » : elle rencontre de grandes difficultés de sociabilisation, n’existe que par et pour son projet de recherche, se fait humilier de façon complètement invraisemblable au réfectoire de l’ENS (on peine effectivement à imaginer la cantine de l’ENS chanter des chansons moqueuses à l’égard d’une élève brillante… l’ENS quoi…).

Les problèmes d’écriture, loin de se réduire à l’unique caractérisation, traversent également un scénario attendu et terriblement formaté. Pour preuve, la manière dont évolue la relation entre Marguerite et Lucas. D’abord présenté comme un rival odieux – c’est son commentaire lors d’un séminaire qui pousse la chercheuse à fuir la salle de classe, puis à tout arrêter –, Lucas se lie progressivement d’amitié – puis d’amour… ! – à Marguerite.

Peu inspirée, donc, au niveau de son écriture, la réalisation d’Anne Novion l’est également sur le plan visuel. Assez plate, la mise en scène de la cinéaste est peu marquante et adopte une facture très académique. Pire, les quelques idées qui détonnent de l’ensemble soulignent de façon pachydermique les enjeux des scènes. On pense particulièrement à toutes ces séquences où la chercheuse se perd dans d’innombrables calculs qui prennent vie à l’image par un travail de surimpression. On se croirait sur France 2.

1/5 ★

Extrait «Le Théorème de Marguerite»

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