Critique27. Oktober 2020

«A Perfectly Normal Family» - Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme

«A Perfectly Normal Family» - Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme
© Xenix

Avec «A Perfectly Normal Family», Malou Leth Reymann signe son premier film en tant que réalisatrice, et certainement déjà l'un des films les plus intimes de sa carrière. Inspiré de son histoire personnelle, les réflexions identitaires et familiales qu’elle tente de disséquer tout au long du métrage ont fait leur première au Festival international du film de Rotterdam, dans le cadre de la compétition Big Screen et dévoile déjà la finesse d'analyse de la réalisatrice.

«A Perfectly Normal Family», c’est l’histoire de deux identités en crise. Celle d’Emma d’abord, une jeune adolescente à peine sortie de l’enfance qui tente tant bien que mal de se trouver et d’affirmer sa place parmi ses paires malgré ses différences, et celle de Thomas, son père, qui un jour, fait voler en éclat l’équilibre familial en annonçant à sa famille qu’il a décidé de changer de sexe pour devenir une femme. «A Perfectly Normal Family», c’est l’histoire de cette mutation, de ce voyage vers l’inconnu et de cette redéfinition de ce qu’est la famille quand séparation et transformation radicale s’en mêlent.

Si le sujet semble être abordé avec autant de naturel et de facilité par la cinéaste, c’est sans doute parce que cette histoire est loin de lui être inconnue, parce qu’elle l’a vécu elle-même, ce changement de cap familial radical qu’impose le changement de sexe d’un des deux parents. Et c’est certainement parce que son propre père a fait ce choix de devenir une femme que Malou Leth Reymann a pu s’emparer de ce sujet avec autant de sensibilité et d’intelligence, et diriger les acteurs avec autant de réalisme.

C'est là toute la force du film: l'élan de vie que réussissent à lui insuffler ses trois acteurs principaux...– Camille Vignes

Car si la réalisation de la cinéaste ne pars jamais vraiment dans des envolées exceptionnelles, si elle n'offre jamais vraiment à voir d’images originales et personnelles de la famille, c'est sa manière de tout dévoiler frontalement, sans concession, quoiqu’avec un peu d’humour, qui fait de son film un véritable petit écrin de sentiments. Que le politiquement correct ne soit pas son cheval de bataille n’a aucune importance. Non, car la seule chose qui mue vraiment son œuvre se trouve dans le cœur de ses personnages, dans ce que cette annonce et les changements qu'elle entraîne fait aux membres de cette famille. Et c'est là toute la force du film: l'élan de vie que réussissent à lui insuffler ses trois acteurs principaux, Kaya Toft Loholt, Rigmor Ranthe ou Mikkel Boe Følsgaard.

© Xenix

Car sans la délicatesse d’interprétation de Mikkel Boe Følsgaard, sans le respect immense qu'il porte à son personnage, le métrage aurait une saveur bien moins douce. Il serait aussi bien moins criant de vérité si Emma n'avait pas été si justement interprétée par Kaya Toft Loholt. L'épouse de Thomas aurait pu être le personnage charriant les questionnements sur la famille et sur le devenir de ses enfants, mais Malou Leth Reymann a préféré regarder ce changement par le prisme de l'enfance, posant un regard aussi candide que franc sur la situation.

3,5/5 ★

Au cinéma le 28 octobre. Plus d'informations sur «A Perfectly Normal Family».

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