Critique15. August 2022

75e Locarno Film Festival : «De noche, todos los gatos son pardos» - Libertinage et zombies affamés

75e Locarno Film Festival : «De noche, todos los gatos son pardos» - Libertinage et zombies affamés
© 2022 Vinca Film

Seul film suisse présenté cette année en compétition internationale à Locarno, le jury aura préféré le film brésilien «Regra 34». Mais le cinéaste Valentin Merz décroche une mention spéciale bien méritée dans la section First Feature.

Ils sont quelques-un.e.s sur le tournage d’un film libertin en costumes dans une forêt du limousin. Actrices et acteurs se donnent la réplique, et répètent les scènes de ce métrage naissant qui doucement prend forme sous nos yeux. Bientôt Valentin, le réalisateur, disparaît dans des circonstances étranges. Une enquête se profile et l’équipe tente de terminer le tournage du film. Robin, chef opérateur et amant du réalisateur, s’envole pour le Mexique.

Film dans le film

Inspiré par les préceptes du psychanalyste français Félix Guattari (1930-1992), Valentin Merz inverse les rôles, et tour à tour le personnel technique devient artiste, les artistes deviennent technicien.e.s. Et «De noche, todos los gatos son pardos» prend une forme étonnante, psychédélique, hypnotisante, et le long-métrage aura de quoi surprendre. Sorte de film dans le film, qui aurait pu se perdre dans sa facture trop expérimentale; Valentin Merz signe néanmoins une expérience parfaitement drôle et libératrice. Un objet pop et à la lumière délicieuse, affranchi des codes d’une narration plus conventionnelle.

«De noche, todos los gatos son pardos» © 2022 Vinca Film

Une fable très personnelle

Dans un hommage discret au cinéma érotique des années 70-80, bientôt une histoire d’amour se mêle à une enquête policière. Merveilleusement planté entre «L'amant de lady Chatterley» (1981) et «L’invasion des morts-vivants» (1966), le réel se mêle à la fiction, et instaure une élégante distance pour philosopher sur la sexualité, la vie, la mort. Plus rien n’a de sens ni de direction, sinon l’expérience du film elle-même. Un cinéma audacieux, une fable libérée, très personnelle, composée comme une étude et qui pense comme écrivait Beckett. Si l’histoire est, certes, un peu flottante, Valentin Merz n’a pas manqué d’inventer un monde à part. Il paraît que la nuit est plus permissive que le jour.

4,5/5 ★

Plus d'informations sur «De noche, todos los gatos son pardos».

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