Review11. Juli 2019

«Premier de la classe» - Une comédie aussi élégante qu'inattendue

«Premier de la classe» -  Une comédie aussi élégante qu'inattendue
© Marc Bossaert

On ne va pas revenir une centième fois sur l’état de décrépitude de la comédie venue de France en général, ses défauts sont devenus tellement systémiques qu’ils en sont presque devenus un cahier des charges : indigence technique, tempo comique absent et humour idéologiquement rance. Dans ces conditions, c’est avec un œil plus que suspicieux que se découvre «Premier de la classe».

Abou, 14 ans, fait la fierté de son père. Contrairement à ses 3 frères, il est «1er de sa classe». Enfin, c’est ce qu’il fait croire. En vérité, Abou est surtout le roi du mensonge et du bulletin truqué. Mais la réunion parents-profs approche, et il va devoir monter un stratagème très complexe cette fois: trouver de faux parents pour les vrais profs, et de faux profs pour les vrais parents.

Et il faut dire que dans le genre comédie populaire visant un très grand (et jeune) public, «Premier de la classe» surprend par sa capacité non seulement à ne pas flatter les pires instincts de celui-ci, mais par son aptitude à faire ressortir beaucoup de choses positives. On taira le final du film pour d’évidentes raisons, mais il offre un moment de justesse dans son propos à la hauteur de sa grande naïveté (un tantinet poussive, on mettra ça sur le compte des codes du genre).

C’est simplement parfait, et cela tient beaucoup à l’interprétation de Michèle Laroque...– Lino Cassinat

Mieux : il parvient à lui seul à justifier pertinemment pourquoi le scénario exploite un vieux topos paternaliste (et, osons le dire, un peu raciste), celui de la rédemption du cancre (souvent «issu de l’immigration») par l’éducateur (souvent pas du tout issu de l’immigration). Là non plus on ne peut rien dire sur sa manière de déjouer le piège, mais c’est simplement parfait, et cela tient beaucoup à l’interprétation de Michèle Laroque.

Michèle Laroque & Mutamba Kalonji © Marc Bossaert

La plupart des comédiens ne sont d’ailleurs pas en reste. On remarque évidemment d’entrée de jeu les pitres Nicole Ferroni, Thomas VDB ou encore Issa Doumbia, à l’énergie un peu maladroite mais communicative. Mais on garde avant tout en mémoire Pascal Nzonzi. Son personnage est à la fois le plus drôle du film par ses nombreux contretemps comiques et l’enjeu émotionnel principal, et l’acteur parvient à gagner sur les deux tableaux grâce à sa composition glaciale et sévère.

On garde avant tout en mémoire Pascal Nzonzi...– Lino Cassinat

Alors bien sûr on ne tient pas là la comédie du siècle, et un climax réussi, même s’il est grisant, ne parvient pas à effacer quelques errements. Évidemment il y a à peu près autant de vannes réussies que d’autres qui tombent à plat, evidemment «Premier de la classe» est assez prévisible et évidemment le rythme général est un peu mollasson - moins évidemment, il y a également une voix-off envahissante. Malgré tout, cela n’empêche pas de passer un bon moment, et au vu du standard actuel dans le genre, on n’osait même pas l’espérer.

En bref!

En période de disette, on prend ce qu’on nous donne. Et ce «Premier de la classe» a beau ne pas être le sauveur de tout un genre devenu moribond, il est de bonne tenue et on est ravi de l’accepter.

3/5 ★

Plus d'informations sur «Premier de la classe».

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