Review23. Oktober 2020

Netflix: «Barbarians» - Plaisir sauvage

Netflix: «Barbarians» - Plaisir sauvage
© Katalin Vermes

En travaillant en étroite collaboration avec des historiens, Netflix mise sur une nouvelle série historique pour combler son audience. Un casting germano-italien pour revivre la conquête de la grande Rome, au milieu de barbares prêts à défendre leur bout de pain.

La bataille de Teutobourg, en l’an 9 après J-C. Surnommé le «désastre de Varus», l’affrontement est connu pour être l’une des plus grandes défaites de l’armée romaine. Un grand coup de balai de germaniques décidés à protéger leurs terres. Le grand Empire romain méprise ces barbares et les soumet à un régime autoritaire et intraitable. «Barbarians» dégage 3 destins liés par un pacte pour sonder une guerre stratégique et sauvage.

© Katalin Vermes

La guerre, tout le temps, les trahisons multiples, le sang. Les tribus germaniques cohabitent avec les romains pour préserver la paix. Mais la rébellion s’amorce quand les impôts et les tributs augmentent. À l’instar de la série «Barbarians Rising», diffusée en 2016 sur la chaîne History, «Barbarians» préfère s’attaquer aux origines de la bataille de Teutobourg, avant de verser dans la brutalité la plus totale. Une montée en température chauffant à blanc nos 3 personnages centraux: Arminius (la révélation Laurence Rupp), Thusnelda (la charismatique Jeanne Goursaud) et Folkwin Wolfspeer (le forçat David Schütter). Un triangle se recoupant derrière une phrase de Jules César: «j’aime la trahison, mais je hais les traîtres.» La mort dicte sa loi, la vengeance est à son firmament.

Tragique percée physique, où le corps est un véritable instrument de guerre pour sauver l’honneur et défendre son territoire.– Sven Papaux

Dans un genre sériel digne de «Vikings», en attendant le spin-off «Valhalla» - en bien moins excentrique et fantasmagorique -, les 3 créateurs Martin Scharf, Arne Nolting et Andreas Heckmann collent au plus près d’humains trahis, plongeant le spectateur dans une guerre qui distribue lames et larmes. Sous le casque et les boucliers, la lutte fait rage: il pleut des lances et des cadavres. Tragique percée physique, où le corps est un véritable instrument de guerre pour sauver l’honneur et défendre son territoire. Efficace et sanglant, la mise en scène démoule de nombreuses scènes bien fichues, soignant le trait pour purifier une tension «familiale» et de multiples conflits entre les différents clans. «Barbarians» est une ode brutale, où les coups d’épée sont donnés sans le moindre sentiment. Des guerriers froids et glaciaux, rien ne laisse place à l’émotion. Les quelques pleurs sont vites ravalés pour être remplacés par la sauvagerie du champ de bataille.

© Katalin Vermes

En adaptant ce fait historique, la série brasse Histoire et spectacle ficelé. Et si quelques limites peuvent apparaitre dans le scénario, parfois quelques longueurs, le final est palpitant. Nos pupilles pétillent face aux destins de 3 protagonistes. Sonder la guerre des 2 côtés - le premier épisode vous le fera comprendre -, avant de laisser un brin d’émotion apparaitre à force de guerroyer - comme l’importance des racines et de l’héritage. Aucun détour entrepris par les 3 créateurs, la mécanique est uniquement axée sur le rapport de 2 puissances: Rome et la Germanie. Une guerre dans son plus simple appareil, radicale et sans fioriture, dessinant une grande Rome périclitante.

3,5/5 ★

Disponible dès maintenant sur Netflix.

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