Review26. Oktober 2021

«Lui» - S’isoler pour s’autopsier

«Lui» - S’isoler pour s’autopsier
© Pathé Films AG

Un film tourné en quatre semaines et un petit budget ; dans « Lui », Guillaume Canet se met en scène dans une œuvre intrigante, dans une lente dialectique intérieure pour sonder ses problèmes et répondre de ses actes.

Un compositeur en mal d’inspiration, ayant quitté femme et enfant, s’isole sur une île bretonne, dans une bâtisse à flanc de falaise. Tout est désert, tout est figé ; un endroit idéal pour exorciser ses actes, pour (re)trouver l’inspiration. Mais des visiteurs vont commencer à lui rendre la vie dure, l’opposant à sa propre solitude et à l’homme qu’il est devenu.

Un piano désaccordé qui sonne comme une métaphore, celle d’un homme qui n’y arrive plus, le temps détruisant l’équilibre d’un ensemble existentiel. La mélodie grinçante de Canet sonne comme une partition brûlée par l’égoïsme d’un individu égocentrique. « Lui », c’est une promenade intérieure, c’est le bord de la falaise qui s’avance dangereusement pour vous faire basculer. « L’histoire d’un type qui parle avec son double », résume Guillaume Canet. Un « Dr Jekyll and Mr Hyde » pour ce compositeur mélancolique qu’il incarne. S’écouter penser et s’invectiver, Canet dessine le double maléfique, ce « connard » qui vous oblige à opter pour les mauvais choix.

Une mélopée qui trouve le bon accord...– Sven Papaux

Un miroir noirci, une multiplication des êtres qui comptent dans votre vie, le retour des parents pour régler ses comptes; disons que « Lui » est une déflagration de critiques et une introspection (très) personnelle du personnage principal. Une seule caméra pour Guillaume Canet, pour laisser converser deux personnalités d’une même personne. Et le film cherche à trouver la solution : faut-il se débarrasser de ce mauvais côté qui vampirise le bon côté, ou faut-il le draguer, l’apprivoiser ?

«Lui» - S’isoler pour s’autopsier
© Pathé Films AG

Parfois décousu dans ses pistes fantastiques, le film a le mérite de poser une question : comment être heureux ? Dans son approche, dans son geste cinématographique, Guillaume Canet portraiture un homme de notre ère, avec son lot d’interrogations. Et pour graviter autour de la comédie le cinéaste s’accompagne d’un casting plutôt bien garni: Virginie Efira, Nathalie Baye, Laetitia Casta ou encore Mathieu Kassovitz répondent présent. Et Efira (dans la peau de la femme) et Casta (dans le rôle de la maîtresse) sont excellentes quand elles se partagent l’écran.

La mélodie grinçante de Canet sonne comme une partition brûlée par l’égoïsme d’un individu égocentrique...– Sven Papaux

Pour finir, cette réflexion sur l’individualisme et la paternité joue et déjoue à la fois : une mélopée qui trouve le bon accord, et parfois sonne faux en virant dans un trip mégalomane. L’introspection pensée par Canet n’en est pas moins intéressante, cherchant à confronter un homme à cette question : comment être quelqu’un de bien ? « Lui », un récit perfectible, mais louable dans son autocritique.

3,5/5 ★

Le 27 octobre au cinéma. Plus d'informations sur « Lui ».

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