Review7. Juni 2019

«Greta» - Isabelle Huppert dans le rôle du chewing-gum maléfique

«Greta» - Isabelle Huppert dans le rôle du chewing-gum maléfique
© Ascot Elite Entertainment Group

Un duo féminin pour électriser un thriller imaginé par le scénariste Ray Wright. Isabelle Huppert fronce les sourcils, prend son plus bel accent hongrois et terrorise une jeune serveuse originaire de Boston, campée par Chloë Grace Moretz.

Frances (Chloë Grace Moretz) mène la vie d’une jeune new-yorkaise. Elle, qui a fraîchement déménagé de Boston pour s’installer avec Erica (Maika Monroe) dans un loft situé à Tribeca, va faire la rencontre, par hasard, de Greta Hideg (Isabelle Huppert), une veuve esseulée. Les deux femmes se lient et Frances, fragilisée par une disparition récente, voit une mère de substitution en la personne de Greta. Une relation qui tournera rapidement au vinaigre.

La naïveté peut avoir des conséquences. En ramenant le sac à sa propriétaire, Frances l’apprendra à ses dépens. Greta Hideg, une française comme elle souhaite le faire croire, semble si attachante, si vraie. Mais rapidement les photos qui peuplent la maison de la veuve maléfique amènent leur lot de réponses, de névroses et de catastrophes. Un tissu de mensonges, des secrets plein la hotte, des souvenirs indélébiles. La relation se détériore, devient insoutenable pour la plus jeune des deux. Greta harcèle la pauvre Frances. Une omniprésence proche de l’illégalité, mais toujours dans les règles, la police ne peut rien faire contre elle. Elle est comme ce chewing-gum qui colle aux baskets : impossible à décoller.

Un fantôme qui se faufile dans les recoins d’une ville devenue incertaine...– Sven Papaux

© Ascot Elite Entertainment Group

Une rapide descente aux enfers. Le réalisateur Neil Jordan passe par de nombreux raccourcis pour ne pas perdre de temps et foncer dans le vif du sujet. Ce furieux sentiment de voir un film charcuté au montage, coupable de se montrer trop pressé, désordonné dans sa mise en place et son traitement. La tension s’installe, grimpe graduellement, mais «Greta» (le film) ne parvient jamais à crocheter la serrure de la boîte dans laquelle il se trouve calfeutré. D’excellentes séquences permettent tout de même à «Greta» de mettre le nez à la fenêtre.

L’absence d’une puissance enivrante, d’une perversité meurtrière plus poussée...– Sven Papaux

À l’image de cette scène où Frances reçoit un flux de photos en temps réel d’Erica, elle-même poursuivie par Greta, et affolée au téléphone sans savoir où la veuve se trouve. Un fantôme qui se faufile dans les recoins d’une ville devenue incertaine, une ombre toujours plus oppressante. Un métrage souffrant des clichés, d’incohérences. La performance honorable d’Isabelle Huppert, le regard froid et déstabilisant, ou Chloë Grace Moretz, tentant d’amener une touche fragile, empreinte d’une innocence, endeuillée, réussissent à sauver les apparences.

En bref !

Une œuvre qui ne sort jamais véritablement de sa boite. Neil Jordan ne renverse jamais les codes. Tout ça, malgré un bon casting, mène à une œuvre qui s’avère limitée quand il est l’heure d’appuyer sur l’accélérateur. L’absence d’une puissance enivrante, d’une perversité meurtrière plus poussée, fougueuse et sadique. Trop maigre, si frustrant.

3/5 ★

Au cinéma le 12 juin prochain. Plus d'informations sur «Greta».

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