Review19. September 2022

FFFH 2022 : «Le Sixième enfant» - L'arrangement impossible

FFFH 2022 : «Le Sixième enfant» - L'arrangement impossible
© JMH Distributions SA

Premier film de Léopold Legrand, «Le Sixième enfant» nous offre avec la complicité de son quatuor au milieu d'un drame sur le désir de maternité et les questions éthiques qui l’entourent. Le film est présenté en grande première au Festival du film français d’Helvétie (FFFH) à Bienne. Lauréat du Prix Célestine 2022.

(Kilian Junker, depuis le Festival du film français d’Helvétie)

Issus de la communauté des gens du voyage, Frank (Damien Bonnard) et Meriem (Judith Chemla) forment un couple dont le sixième enfant est en route. Une mauvaise nouvelle puisque endettés jusqu’au cou, ils ne peuvent guère l’assumer. À la suite d’un petit délit, Frank croisera la route de Julien (Benjamin Lavernhe), l’avocat qui le défendra. Ce dernier, au sein du couple qu’il forme avec sa femme Anna (Sara Giraudeau), est confronté au souci inverse : ils n’arrivent guère à concevoir. De cette rencontre naît alors l’idée d’un impensable arrangement.

En réalisant ce film tiré du roman d’Alain Jaspard «Pleurer des rivières», Léopold Legrand faisait face à deux écueils principaux : d’abord le risque élevé de caricature vis-à-vis de ce portrait brossé de deux couples socialement diamétralement opposés, mais aussi la construction d’un film tire-larmes au vu de son thème éminemment émotionnel. Et le réalisateur réussira, avec plus ou moins d’aisance, à naviguer entre les deux. Cela s’explique par un casting particulièrement convaincant (Sara Giraudeau en tête), mais aussi par une imprégnation dans le milieu des gens du voyage, réalisée en amont du tournage, qui évite une avalanche de clichés.

Si Legrand favorise une réalisation plutôt sage, il se permet toutefois quelques saillies picturales : des plans de nuit magnifiés, certaines scènes construites comme des tableaux ainsi qu’un format inconventionnel, presque carré, qui cloître ses personnages. Un cadre d’ailleurs raccord avec l’enfermement que subissent les deux couples dans leur misère ou leur détresse émotionnelle. Mais la réalisation caméra à l’épaule vient à lasser, tout comme les retournements de situation bien prévisibles. De plus, une dilatation temporelle amenée vers la fin du récit crée quelques moments de flottement qui rendent le tout un brin longuet. En subsiste un film maladroit, mais sincère, qui a le mérite de nous interroger face à ces questions sociétales épineuses.

3/5 ★

Au cinéma le 26 octobre.

Plus d'informations sur «Le Sixième enfant»

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