Kritik23. März 2021

Sky Show: «We are who we are» - Errances adolescentes et identitaires par Lucas Guadagnino

Sky Show: «We are who we are» - Errances adolescentes et identitaires par Lucas Guadagnino
© HBO Max

«Call me by your name», le film de Lucas Guadagnino, avait fait grand bruit lors de sa sortie, racontant la romance d’un jeune américain en goguette italienne et du stagiaire de son père; et de bien des façons «We are who we are» prend le même chemin que ce long-métrage. Mais ici, le cinéaste raconte l’adolescence en série, profitant de ses huit épisodes (qu’il a entièrement réalisés) pour déployer, entre douceur et violence, les désirs plus ou moins déterminés qui animent le passage à l’âge adulte et des amitiés particulières.

Les huit épisodes de la série se passent dans une base militaire américaine en Italie, sur fond de campagne électorale américaine voyant s’opposer Donald Trump et Hillary Clinton, une communauté dans laquelle un couple de femmes s’installe. L’une d’elles va diriger la base accompagnée de son fils, Fraser (Jake Dylan Grazer), âgé de quatorze ans. Entre lui et Caitlin (Jordan Kristine Seamón), une autre adolescente fille de militaire, qui se plaît à s’habiller comme un garçon et à se faire appeler autrement, se noue une amitié puissante, que tout le monde prendra pour de l’amour en les imaginant en couple. Une amitié qui prend racine dans ces questionnements contemporains sur l’identité, le genre et ses stéréotypes ou encore l’attirance et la sexualité.

Intimiste et naturelle, après trois épisodes «We are who we are» est un objet étrange. D’abord parce que se dessinent des défauts qui pourraient devenir gênants dans la suite des épisodes, qui font déjà se ressentir ses limites. Ensuite parce que l’utilisation que Lucas Guadagnino a du format sériel, de sa durée, du nombre de personnages, d’intrigues et de sous-intrigues, prend au dépourvu. Elles arrivent souvent à des moments, ou par des bouts, que l'on n’attendait pas, d’une manière un peu inattendue, plongeant le spectateur dans une sorte d’errance flottante douce-amère et nostalgique qui colle très bien avec le sujet qu’il essaie de traiter. Le premier épisode est très fort de ce côté-là, dans sa manière de sortir du schéma narratif classique des séries pour s’autoriser à vagabonder dans l’ennui adolescent.

L’idée derrière l’histoire est de questionner le rapport au corps, à l’autre et à l’identité...– Camille Vignes

Malheureusement, les personnages secondaires, leurs caractérisations et leurs implications avec les deux adolescents principaux pâtissent assez rapidement d’une caractérisation assez moyenne. Et si certains paraissent un peu caricaturaux — certainement pour coller aux questionnements portés par la série —, ils ne remplissent pas vraiment ce rôle. À ce titre, les personnages adultes sont pour la plupart à côté de ce qu’ils pourraient être. Que ce soit la mère de Fraser (incarnée par Chloë Sevigny), sa femme (Alice Braga) ou les parents de Caitlin, ils se résument pour l’ensemble à un ou deux traits de caractère sans trop de profondeur.

Sky Show: «We are who we are» - Errances adolescentes et identitaires signées Lucas Guadagnino
Chloë Sevigny et Alice Braga dans «We are who we are» © HBO Max

Pourtant, comme c’est généralement le but dans les séries ou le cinéma adolescent, l’idée derrière l’histoire est de questionner le rapport au corps, à l’autre et à l’identité. De montrer combien cet âge est un moment complexe de transformation, voire parfois de révolution. Mais la série ne s’arrête pas à la définition identitaire, elle va aussi regarder ce qui s’apparente aux questions ultra-contemporaines de troubles dans le genre, d’adolescents perdus dans leur rapport à leur corps et, cela, elle semble le faire avec beaucoup d’habileté et de douceur.

3,5/5 ★

«We are who we are» est à découvrir dès maintenant sur Sky Show.

Ceci peut aussi vous intéresser:

Ist dieser Artikel lesenswert?


Kommentare 0

Sie müssen sich zuerst einloggen um Kommentare zu verfassen.

Login & Registrierung