Kritik18. November 2022

«Les Femmes du Square» - La riposte des gardiennes d’enfants

«Les Femmes du Square» - La riposte des gardiennes d’enfants
© JMH Distributions SA

Nouvelle comédie sociale de Julien Rambaldi, Les femmes du Square mêle maladroitement gags et mélodrame, mais réussit en surface à aborder la précarité des nounous en se reposant sur l’excellent jeu d’Eye Haïdara.

(Une critique d'Eleo Billet)

Angèle (Eye Haïdara) s’est toujours sortie des pires situations grâce à son anticonformisme et sa tchatche. Mais lorsqu’elle est menacée par ses créanciers, elle suit les conseils de son amie Wassia (Bwanga Pilipili) et devient la nounou d’Arthur, un garçon des beaux quartiers. Révoltée par les patron.nes maltraitant.es et le travail non déclaré, elle décide de rendre justice. Aussi, elle s’associe à Édouard (Ahmed Sylla), jeune avocat qui préfère l’assimilation au combat, et à Arthur, avec qui elle s’est liée, pour défendre Wassia lorsqu’elle est injustement renvoyée.

La condition des employées de maison a inspiré pléthore d’œuvres dramatiques dénonciatrices de «La noire de …» (1966) au plus récent «Chanson douce» (2019). Moins complexe dans son portrait des classes et des genres, «Les Femmes du Square» propose d’étudier les relations entre des mères blanches, riches qui exploitent et confient leurs enfants à des mères noires, migrantes précaires. Sauf que l’humour ne suffit pas à balayer les stéréotypes ou le manichéisme poussif d’autant que le film se perd en sous-intrigues abandonnées en cours de route. Si les scénaristes assurent un équilibre au moins dans le premier acte, Julien Rambaldi soutient rarement son propos avec la mise en scène, rejetant dès lors l’héritage de «The servant» (1963).

Entre Léa Drucker qui a trop peu de matière pour défendre son personnage et Ahmed Sylla qui ne convainc pas dans ce rôle sérieux, seule Eye Haïdara détone. Remarquable dans «Le sens de la fête» (2017), elle s’affirme avec le rôle d’Angèle comme une comédienne versatile capable de mener des joutes verbales avec la même intensité que des plaidoiries en quasi-monologue, même lorsqu’elle est mal dirigée. Mais le culot d’Angèle reste trop propret, cadré. De plus, face à son partenaire Édouard et ses collègues, elle est rabaissée avec force de misogynoir sans que cette discrimination ne soit davantage creusée pour ce qu’elle est, preuve qu’elle demeure un impensé pour Julien Rambaldi et Jean-Luc Gaget eux-mêmes. Au final, beaucoup d’envies et de bonnes intentions ternies par une exécution boiteuse et le manque de recherche des scénaristes sur leur sujet.

2,5/5 ★

Depuis le 16 novembre au cinéma

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