Kritik11. Mai 2021

«I Care a Lot» - Rosamund Pike, cette garce merveilleuse

«I Care a Lot» - Rosamund Pike, cette garce merveilleuse
© Impuls

Elle avait remporté pléthore de récompenses pour son rôle de monstrueuse «bitch» dans le film de David Fincher, «Gone Girl» en 2014. Sous les ordres de J Blakeson, la Britannique Rosamund Pike se glisse à nouveau dans la peau d’une parfaite garce qu’on adore détester, rôle pour lequel elle a remporté un Golden Globe en mars dernier.

«Il y a deux types de personnes dans ce monde : les prédateurs et les proies», ainsi parle Marla Grayson (Rosamund Pike), arnaqueuse de premier ordre, pour qui la gentillesse n’est qu’une vaine qualité qui n’a jamais payé. Le carré blond coupé avec une précision chirurgicale, le tailleur ajusté au millimètre et les lèvres rouge sang, Marla est une businesswoman redoutable. Avec son indéboulonnable cigarette électronique au bec, cette dernière a trouvé un juteux commerce : les vieux. Quoique complètement immorale, la technique est pourtant légale. Profitant d’un vide juridique, Marla, en sa qualité de tutrice professionnelle, s’occupe de dizaines de personnes âgées jugées inaptes à prendre soin d’elles-mêmes par le tribunal.

Une fois sous son joug, les malheureuses et malheureux sont envoyés illico presto en maison de retraite, bourrés d’anxiolytiques et dépouillés de tous leurs biens. Maisons, voitures et autres comptes bancaires, tout y passe. La technique est bien rodée. Secondée par son associée et amante (Eiza Gonzalez), Marla fait marcher sa petite affaire au pas jusqu’au jour où elle jette son dévolu sur la mauvaise proie (Dianne Wiest). Sur le papier, la retraitée a toutes les qualités : riche, sans hériter ni famille, bref, une «cerise» comme on dit le jargon. Mais voilà, la tutrice sadique n’avait pas prévu que cette gentille petite mamie serait le début d’une longue série de problèmes qui l’amèneraient à côtoyer la pègre russe et un de ses barons, Roman Lunyov (Peter Dinklage).

Rosamund Pike est LA garce par excellence...– Emma Raposo

On ne va pas passer par quatre chemins, Rosamund Pike est LA garce par excellence. Son rôle dans «Gone girl» l’avait définitivement érigée en psychopathe prodigieuse qu’on aurait voulu voir s’étrangler avec le cordon de son sèche-cheveux. Cette fois, et dans un autre style, l’actrice anglaise remet l’ouvrage sur le métier en enfilant l’habit d’une immonde manipulatrice sournoise et prête à tout. Avec l’attirail complet de la femme de pouvoir, frigide, dominatrice en talons hauts, perverse et ambitieuse, traçant dans un décor aux couleurs saturées, son personnage de Marla Grayson inspire autant de dégoût que d’agacement. Mais comment cette femme peut-elle avoir aussi peu de scrupules ? C’est justement là que le bât blesse.

«I Care a Lot» - Rosamund Pike, cette garce merveilleuse
Peter Dinklage dans «I Care a Lot» © Impuls

Imaginer un personnage complexe, c'est bien, l’écrire un peu plus qu’en surface c’est mieux. Aussi délicieusement infâme que soit le personnage pensé par J Blakeson, et aussi efficace que soit la performance de Rosamund Pike, on ne sait absolument rien de cette femme, de son passé, et de ce qui l’a rendue aussi détestable qu’impitoyable. Un personnage féminin sous-écrit et trop caricatural, dont la complexité aurait dû être largement plus creusée histoire de donner du corps au métrage qui, dans sa seconde partie, s’enterre dans un genre de film d’action bien moins attrayant qu’une première partie comico-dramatique séduisante.

Peter Dinklage tient le flambeau d’un caïd peu conventionnel...– Emma Raposo

Face à Rosamund Pike, Peter Dinklage tient le flambeau d’un caïd peu conventionnel, pied de nez à l’archétype usuel du baron de la mafia tel qu’on peut se le représenter. J Blakeson se joue des stéréotypes masculins et c’est tant mieux. L’aurait-il fait avec les féminins et la boucle aurait été bouclée. Si celui qui s’était déjà fait l’auteur et réalisateur de «La Disparition d’Alice Creed» en 2009 ne parvient pas à donner une véritable profondeur à son personnage principal, il offre malgré tout un divertissement solide saupoudré d’un peu d’ironie…

3,5/5 ★

«I Care a Lot» est à découvrir dès le 12 mai au cinéma.

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