Kritik4. November 2022

Apple TV+ : «Causeway» - Jennifer Lawrence touchante et meurtrie à son retour d’Afghanistan

Apple TV+ : «Causeway» - Jennifer Lawrence touchante et meurtrie à son retour d’Afghanistan
© Apple TV+

Peut-être que ce vendredi, le documentaire consacré à Selena Gomez lui piquera la vedette sur la plateforme d’Apple, mais il faudra faire un tour du côté de «Causeway». Présenté au Festival international du film de Toronto en septembre, Jennifer Lawrence y incarne le touchant récit d’une jeune femme qui tente de se reconstruire après l’Afghanistan.

Suite à l’explosion d’une bombe artisanale lors de son déploiement en Afghanistan, Lynsey est contrainte de rentrer aux États-Unis pour se soigner. Ainsi, «Causeway» s’ouvre en sourdine, et suit le visage morne de Jennifer Lawrence en fauteuil roulant, dans la peau de ce soldat mentalement détruit. Premier long-métrage de Lila Neugebauer, la caméra de la cinéaste est au plus près de son personnage, à l’écoute de la moindre de ses vibrations. Soucieuse et attentive lorsqu’elle réapprend à marcher, à se laver les dents, et quand frappent les terreurs nocturnes.

Une réalisation froide et rigide pour accompagner son périple en réanimation et qui bientôt se délie lorsqu’elle retourne en Nouvel Orléans. De retour dans ce pavillon de Louisiane qui l’a vue grandir, et dont l’armée fut l’échappatoire, son quotidien est rythmé par son nouvel emploi d’agent d’entretien de piscines, ses retrouvailles avec sa mère, et les sempiternels rendez-vous chez ce neurologue qui entend bien prolonger ses médicaments. Qu’est-ce qu’un soldat sans guerre, sans «job»? À sa manière, «Causeway» reposera cette bien curieuse question au travers d’un personnage traumatisé, mais qui ne se soigne que pour repartir.

Or l’essence du métrage se trouve ailleurs. En effet, son salut viendra de sa rencontre avec un certain James, garagiste amical et incarné par un merveilleux Brian Tyree Henry (star de la série «Atlanta» et récemment croisé dans «Bullet Train»). Produit par Jennifer Lawrence sous la coupe de sa société Excellent Cadaver (en charge d’ailleurs de sa prochaine collaboration avec Adam McKay), «Causeway» révèle une étude macroscopique d’un personnage ô combien sensible. Une fable lumineuse sur l’amitié et la rédemption. Deux âmes vagabondes s’apprivoisent, unies par une douleur à fleur de peau. Doucement, une alliance se crée, de quoi poser les armes, et souffler le temps de déguster quelques bières et des «snow-balls» glacées.

Distribué par Apple Studios et la désormais célèbre maison new-yorkaise «A24», «Causeway» se pare de la même élégance que le film «Nos âmes d'enfants» sorti plus tôt cette année au cinéma. Les vagues à l’âme de l’après-guerre, à contre-courant, et le plaisir rare et subtil de les voir formidablement portés à l’écran. Un petit miracle qui vient aussi du travail du légendaire et oscarisé Jack Fisk pour les décors et de la patine des plans composés par Diego García. Dans le genre un peu suranné du retour, et malgré quelques errances, si «Causeway» ne réinvente rien, l’interprétation de son duo aura bien de quoi vous cueillir. Une excellente première pour Lila Neugebauer.

3,5/5 ★

Depuis le 4 novembre sur Apple TV+.

Bande-annonce

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