Artikel17. Februar 2023

3 questions pour comprendre la nouvelle série «Hello Tomorrow!» sur Apple TV+

3 questions pour comprendre la nouvelle série «Hello Tomorrow!» sur Apple TV+
© Apple TV+

Dans le costume d’un VRP lunaire pour Apple TV+, Billy Crudup entend bien décrocher les étoiles. Une nouvelle série visuellement inspirée, au rythme flottant dans l’espace, comme ses interprétations, lointaines, discrètes, presque imperceptibles.

À découvrir à partir du 17 février sur la plateforme Apple TV+, la nouvelle création de Amit Bhalla et Lucas Jansen raconte l’histoire d’une entreprise immobilière qui propose aux modestes terriens de recommencer leurs vies dans un pavillon sur la lune et sous une bulle.

Publicité mensongère, une pure fabrication pilotée depuis un motel, mais armés de sourires grands comme un croissant (de lune évidemment), les représentants de l’entreprise frappent aux portes de Vistaville, distribuant des leaflets et du rêve imprimé sur papier glacé.

Une série portée notamment par Billy Crudup, Dewshane Williams, Haneefah Wood, Hank Azaria, où la surf music se mêle au rétrofuturisme, au consumérisme des années 50, et à l’utopie du voyage sur la lune.

1 - «Mais aufait, le rétrofuturisme, c’est quoi exactement?»

Contrairement à ses racines (Léonard de Vinci, Jules Verne, H. G. Wells...), le rétrofuturisme est un néologisme récent qui a émergé dans les années 80. Architecture, design, musique, bande dessinée, mode, cinéma, jeux-vidéos, le rétrofuturisme est une tendance des arts créatifs qui combinent des représentations du futur à une époque antérieure.

Un sous-genre du futurisme avec, en son cœur, une question essentielle : «Et si le futur était arrivé plus vite ?». Le rétrofuturisme pose en effet la question philosophique de la vitesse et du sens de l’histoire. Puis, il prend une matière historique et la manipule par la science, créant, ce qu’il convient d’appeler, une uchronie, en d’autres termes : une reconstruction fictive de l’histoire.

Ainsi, plantée dans le décor édulcoré des années 50, la série «Hello Tomorrow!» nous renvoie à une époque (fantasmée) où les machines faisaient encore rêver, car elles étaient porteuses de progrès. Une époque où se rencontrent l’innocence de l’après-guerre, le rêve domestique, le fétichisme de l’objet et de la possession matérielle.

Une époque, qui croisée au rétrofuturisme, prend alors la forme d’une réappropriation ménagère du futur. Et les créateurs d’«Hello Tomorrow!» ne s’y sont pas trompés. Ainsi, vous croiserez des Cadillac volantes, des bigoudis lumineux, une machine à écrire vocale, les robots de l’entreprise APP (Amazing Personal Product), ou encore un camion piloté par un personnage de cartoon et même une machine à popcorn portative et individuelle. Bref, des inventions ludiques, certes, mais parfaitement inutiles.

Alison Pill dans «Hello Tomorrow!» © Apple TV+

2 - «Pourquoi lorgnent-ils vers la lune?»

Nous l’avons compris, le rétrofuturisme est un genre ironique, plein de second-degrés, qui finalement permet de questionner notre rapport émerveillé au progrès. Une satire que l’on retrouve dès 1902 avec le brutal alunissage dépeint par George Mélies dans son film «Le Voyage dans la Lune». Or ces prouesses technologiques renferment toujours une vérité plus complexe : le mal-être du temps présent.

La série «Hello Tomorrow!» n’est pas étrangère à cette notion. L’obsession spatiale du personnage interprété par Billy Crudup renvoie à sa propre tragédie, et à celles des autres protagonistes. En témoigne l’impressionnante ouverture de la série avec un pitch de vente de 6 minutes, où, assis au comptoir d’un diner, l’acteur plante un contrat de vente entre la bière et la dépression d’un client. Charlatant pour les un.e.s, Messi pour les autres… La lune devient la promesse d’un au-delà spirituel, et de lendemains meilleurs.

Et alors que l’espace ne cesse de fasciner, «Hello Tomorrow!» offre aussi un discours plus contemporain sur les obsessions spatiales récentes. Nommons par exemple SpaceX chez Elon Musk, ou encore Blue-Moon, et la fusée New Shepard, de monsieur Amazon Jeff Bezos, qui, eux aussi, entendraient bien relancer la conquête et s’établir sur la lune, du moins en tant que touristes lunaires.

Billy Crudup, Nicholas Podany et Haneefah Wood dans «Hello Tomorrow!» © Apple TV+

3 - «Et Billy Crudup, c’est qui du coup?»

Célèbre acteur à Broadway, au cinéma, sans doute l’avez-vous déjà croisé dans «Big Fish» de Tim Burton, «Blood Ties» de Guillaume Canet, «Jackie» de Pablo Larraín, dans la série «Gypsy» sur Netflix, ou encore dans la série à succès «The Morning Show», aussi sur Apple TV+.

Ici encore, l’acteur, lauréat d’un Emmy Award, s’offre un rôle à double tranchant. Il incarne ce commercial antipathique à la gueule d’ange. À la tête d’une équipe prête à ruiner des mariages pour vendre un nouveau départ, ses cravates aux motifs de l’espace laissant présager de ses ambitions, il manipule son petit monde, jusqu’au jeune Nicholas Podany qu’il prend sous son aile. Il lui enseigne les techniques de ventes, «on n'est pas seulement des vendeurs» lui dit-il, «on change des vies».

Ainsi, dans les décors de ce rêve américain tourné vers l’espace, «Hello Tomorrow!» pourra sembler trop sympathique. Or son acteur, et la montagne de ses mensonges, se mêlent à l’ambivalence morale de son univers visuel. Une série sans doute plus passionnante dans son interprétation, que lors du visionnage. Ni unique, ni vraiment singulière, «Hello Tomorrow!» méritera tout de même votre curiosité de rêveuses et rêveurs terrien.ne.s.

Les 3 premiers épisodes d’«Hello Tomorrow!» sont à découvrir dès le 17 février sur Apple TV+. Ensuite, un nouvel épisode sera disponible chaque semaine, et ce, jusqu’au 1er avril prochain.

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