Palme d’Or pour Kean Loach et son film “Moi, Daniel Blake”

Georges Miller et ses apôtres ont clôturé hier la 69ème édition du Festival de Cannes. C’est donc Ken Loach, le réalisateur britannique de 79 ans qui avec Moi, Daniel Blake remporte la Palme d’Or.

Un doublé pour Ken Loach

Dans Moi, Daniel Blake, Loach satire et exprime sa rage à l’encontre du système social britannique. Il dresse un portrait émouvant d’un laissé-pour-compte dans la tourmente capitaliste occidentale et reste fidèle à son oeuvre militante pour la lutte des droits des travailleurs. Avec cette nouvelle récompense, le réalisateur rejoint les grands palmipèdes du festival, les doubles palmés : Francis Ford Coppola, Emir Kusturica, ou encore Michael Haneke. Il y a 10 ans, Ken Loach recevait des mains des de Wong Kar Wai sa première récompense pour Le vent se lève.

“Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse”. Loach a profité de l’agora cannoise pour perler la cérémonie d’un réquisitoire contre les injustices sociales, dénonçant “un projet d'austérité qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales, qui risquent de nous amener à la catastrophe”. “Ces pratiques néo-libérales ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s'enrichit de manière honteuse” ajoute Loach avant de confier son espoir de voir le cinéma rester une arme contre l’oppression, “un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants”. Quoi qu’il en soit et selon la plaisanterie de Thierry Frémaux, Loach nous livre ici son «nouveau dernier film».

Grand Prix du Jury pour Xavier Dolan

En 2014, Mommy retournait les coeurs et Xavier Dolan remportait le prix du Jury et Juste La Fin Du Monde obtient cette année le Grand Prix du Jury. Emu aux larmes et la voix fragile Dolan se confie «L'émotion ce n'est pas toujours facile. Il n'est pas toujours facile de partager ses émotions avec les autres. La violence sort parfois comme un cri ou comme un regard qui tue. En partant d'un matériau fort, qui est Juste la fin du monde du grand Jean-Luc Lagarce que j'espère tellement ne pas avoir déçu où qu'il soit, j'ai tenté au mieux d'extraire un film puis de raconter l'histoire et les émotions de personnages parfois méchants, parfois criards, mais surtout blessés et qui vivent comme tant d'entre nous, comme tant de mères, de frères, de sœurs, dans la peur, dans le manque de confiance, dans l'incertitude d'être aimés.”

Dolan livre un discours sincère et passionné »Tout ce qu'on fait dans la vie, on le fait pour être aimé.« Puis, il citera Anatole France pour conclure un moment d’émotion très cannois: “Je préfère la folie des passions à la sagesse de l'indifférence».

Palmarès complet:

LONGS MÉTRAGES

Palme d'or Moi, Daniel Blake réalisé par Ken LOACH Grand Prix JUSTE LA FIN DU MONDE réalisé par Xavier DOLAN Prix de la mise en scène (ex æquo) Cristian MUNGIU pour BACALAUREAT Olivier ASSAYAS pour PERSONAL SHOPPER Prix du Scénario Asghar FARHADI  pour FORUSHANDE (Le Client) Prix du jury AMERICAN HONEY réalisé par Andrea ARNOLD Prix d'interprétation féminine Jaclyn JOSE dans MA' ROSA réalisé par Brillante MENDOZA Prix d'interprétation masculine Shahab HOSSEINI dans FORUSHANDE (Le Client) réalisé par Asghar FARHADI

COURTS MÉTRAGES

Palme d'or TIMECODE réalisé par Juanjo GIMENEZ

Mention spéciale du Jury A MOÇA QUE DANÇOU COM O DIABO (La Jeune fille qui dansait avec le diable) réalisé par João Paulo MIRANDA MARIA

CAMÉRA D’OR

DIVINES réalisé par Houda BENYAMINA présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs